Le politologue et enseignant à l'université de droit de Reims, Olivier Dupéron a analysé pour France 3 Champagne-Ardenne le déplacement d'Emmanuel Macron à Colombey-les-Deux-Eglises à l'occasion du 60e anniversaire de la Constitution de la Ve République.
Au-delà de l'anniversaire que vient chercher Emmanuel Macron à Colombey-lès-Deux-Eglises ?
Olivier Dupéron : "C'est toujours utile pour un Président de la République de se rendre à Colombey. C'est une manière de retourner à la source, et puis d'aller chercher cette part de dimension historique, de légitimité historique et de s'inscrire dans la continuité du général de Gaulle. Pour un Président ça ne peut pas être négatif, puisque le général de Gaulle a une image extrêmement positive auprès des Français et c'est également une manière d'incarner la fonction présidentielle."
A 60 ans d'écart, peut-on comparer les deux postures présidentielles ?
O. D : " Aujourd'hui les moyens de communication, le rôle des réseaux sociaux font qu'un président peut difficilement rester en retrait, rester sur sa colline, regarder le gouvernement faire et intervenir de manière très ponctuelle comme le faisait plutôt le général de Gaulle. L'élection au suffrage universel direct et les moyens de communication moderne font que même si un président a, et on l'a vu avec Emmanuel Macron au départ, plutôt envie de rester en retrait et d'incarner ce président au dessus de la mêlée, il est conduit à y plonger quand même assez rapidement et ce qui est entrain d'arriver. "
La fonction de Président de la République concentre-t-elle trop de pouvoirs ?
" Quand on regarde le texte de la Constitution, le Président de la République a certes beaucoup de pouvoirs, mais pas autant que ce qui apparaît dans la pratique. Ce qui lui permet d'intervenir au-delà du texte c'est le fait majoritaire. Le fait qu'il s'appuie la plupart du temps sur une majorité solide à l'Assemblée Nationale ce qui lui permet de déborder très largement sur les pouvoirs du gouvernement. La difficulté depuis un bon nombre d'année c'est de trouver un équilibre entre le Président et le gouvernement. Le style Macron, le style Sarkozy, Hollande, ou différemment celui de Mitterrand sont des styles qui permettent de donner une coloration à cette pratique présidentielle mais il y a, à ce sujet, une grande continuité depuis le général De Gaulle. "