Les manifestants estiment que la loi Climat qui sera examiné à l'Assemblée nationale lundi 29 mars n'est pas "à la hauteur de l'urgence écologique".
"Et un, et deux, et trois degrés ! C'est un crime, contre l'humanité !" C'est sous un grand ciel bleu qu'une centaine de personnes ont défilé ce dimanche 28 mars dans les rues d'Epernay en début d'après-midi. Une météo favorable et une ambiance conviviale, malgré "l'urgence" du sujet qui les réunit ce jour-là. Ils répondent à un appel national de la part des membres de la Convention citoyenne et de 86 organisations. Cette marche "pour une vraie loi climat" vise à appeler les députés, qui examineront la dite loi à partir de lundi, à "prendre leurs responsabilités". "C'est important de faire des actions concrètes, de battre le pavé, et pas n'importe quel pavé, puisque c'est celui de l'avenue de Champagne à Epernay, classé à l'Unesco!, affirme Stéphane Gassmann, secrétaire départemental Europe-Ecologie-les-Verts de la Marne et organisateur de la marche sparnacienne. "Mais ce n'est pas parce que c'est classé que nous n'aurons pas de problème. L'enjeu climatique est le même ici qu'ailleurs."
Une centaine personnes réunies à Epernay pour "une vraie loi climat", ce qui, pour la région, est beaucoup ! #MarcheClimat #VraieLoiClimat @France3CA pic.twitter.com/2UEGYldqre
— Florence Morel (@Flo_Morl) March 28, 2021
Devant le théâtre, sur la place Pierre Mendès-France, le cortège fait une halte. Le temps de prendre quelques contacts et de faire perdurer ce qui a été initié une heure plus tôt. "On est tous d'accord que cette loi climat n'est pas une vraie loi climat?", lance Tiphaine Langlois. A 19 ans, l'étudiante sur le campus rémois de Sciences Po prend la parole devant le parterre attentif. Pour que cette marche ne reste pas vaine, elle propose de créer un "lobby citoyen", de récolter des adresses mails. L'idée est que chacun d'entre eux interpelle des élus par mail. "On s'est dit qu'il fallait mettre en place des choses à la suite de cette marche, explique-t-elle. Il faut que chacun se rende compte de l'impact qu'il ou elle peut avoir. Moi-même, je n'avais pas conscience qu'on pouvait faire tout ça. Je pensais que les élus étaient élus et loin de nous, et je trouve que c'est bien de rappeler qu'ils sont là pour nous et qu'on doit les mobiliser."
"Je suis là et c'est important pour moi de faire bouger les choses"
Bien qu'elle et ses camarades ne restent pas très longtemps dans la cité des sacres (le cursus de Sciences Po ne dure que deux ans sur le campus rémois), ils ont eu à coeur de se rendre à Epernay ce dimanche. "On a hésité à aller à Paris, mais on est favorable à une décentralisation des luttes et au fait de dire que la transition écologique est omniprésente et locale. Certes, il y a plus de monde à Paris, mais c'est important d'être présent dans les territoires, tranche la jeune Francilienne. Pour l'instant, je suis là, donc c'est important pour moi de faire bouger les choses."
Même s'ils sont de passage, l'énergie qu'ils apportent et qu'ils insufflent n'est pas perdue. Parce que derrière, d'autres jeunes du territoire reprennent le flambeau.
Dans le cortège, des élus et des Marnais sont également présents. Le seul élu écologiste du Grand Reims, Léo Tyburce, reconnaît que la mobilisation marnaise est encore timide. Mais il en est persuadé, cette marche est "une première vraiment encourageante". "On veut créer des ateliers citoyens pour travailler sur ces questions du climat, de l'écologie, gagner en compétence et interpeller nos élus, énumère l'écologiste. Une liste circule pour mettre tout cela en place. Pendant la campagne municipale, on a réussi à recréer un mouvement de jeunes écologistes".
Il n'y a pas que les militants qui en profitent pour prendre contact. Dans le cortège, Léo Tyburce échange avec Antoine Humbert, élu sparnacien et membre de l'opposition. A 26 ans, il admet "qu'à Epernay on n'est pas habitué à ce genre de manifestation." Quand on lui fait remarquer que ce sont essentiellement des jeunes de Sciences Po, il rétorque : "C'est compliqué, on ne va pas se mentir. Pourtant, on a beaucoup de collèges et de lycées, on pourrait mobiliser davantage." Mais il sent que le sujet intéresse beaucoup les jeunes. Il regrette également un manque de prise de conscience de la part des élus locaux. "Ils doivent prendre conscience que c'est le sujet de l'avenir. On voit qu'on n'est pas sur les mêmes sujets, et que l'aspect générationnel joue beaucoup. Ça progresse, il y a des choses qui sont faites, mais ça reste très lent et très petit par rapport à l'enjeu climatique."