Depuis début janvier l'association "Engagement partagé" organise le dimanche des "marchés solidaires" dans différents quartiers populaires de l'agglomération châlonnaise. À l’origine de ce projet des élus qui avaient une ambition simple : permettre aux plus précaires des faire des courses pas chères, et aux commerçants de réduire le gaspillage alimentaire.
Des sacs pleins de viande, des fruits et légumes frais par kilos, un stand de pains et viennoiseries, et même exceptionnellement ce dimanche, un camion rempli de frites surgelées. Le marché solidaire de Châlons-en-Champagne n’a pas encore l’envergure d’un marché classique, mais il prend de l’importance, et surtout, il permet à une population défavorisée de se fournir en produits frais et de qualité, à des prix défiants toute concurrence : 1€ le kilo, que ce soit pour les fruits et légumes, comme pour la viande.
En trois semaines Nadège, retraitée est déjà devenue une habituée, Elle participe aujourd'hui au troisième marché solidaire. Pour elle qui compte la moindre dépense, ce marché est une aubaine, les dimanche 9 et 16 janvier, elle est rentrée chez elle, les bras plein de nourriture, "Je viens surtout pour essayer d'avoir des fruits et des légumes, car c'est une catastrophe quand on fait les courses on ne peut plus acheter n'importe quoi."
Pour d'autres c'est tout simplement un moyen pour se fournir en produits de base: "J'ai pris des clémentines et des cuisses de poulet, témoigne Dominique, j'ai une petite retraite et tout à 1€ je trouve ça très bien."
J'ai pris des clémentines et des cuisses de poulet, j'ai une petite retraite et tout à 1€ je trouve ça très bien!
Dominique, retraitée
Ce marché organisé par les bénévoles de l’association “Engagement partagé” repose sur des partenariats avec des commerçants qui vendent à prix coutant leurs invendus, ou simplement des lots qu’ils vendent à bas prix par solidarité. Un système qui, selon Rudy Namur, à l’initiative de ce projet, présente un “triple intérêt” en plus de l’aide alimentaire apportée aux plus précaires. “Cela réduit le gaspillage alimentaire, ça augmente la trésorerie des commerçants qui jouent le jeu, et puis d’une certaine manière ça réduit la malbouffe, parce que pour la population qui vient consommer sur ces marchés, dans d’autres conditions, ces produits frais sont un luxe qu’ils ne peuvent se payer”.
“La semaine dernière, en 40 minutes les stands étaient vides”
Les conseillers départementaux de la Marne Rudy Namur et Khira Taam sont à l’origine de ce projet. Également conseiller municipal à Châlons, le premier explique avoir “constaté la paupérisation de l’agglomération ces dernières années. Plus de 21% des châlonnais et châlonnaises vivent en dessous du seuil de pauvreté. Et dans le même temps, en discutant avec des commerçants, on s’est rendu compte que certains devaient jeter jusqu’à la moitié de leurs stocks qu’ils n’arrivaient pas à écouler. On s’est donc dit qu’il fallait organiser une rencontre entre cette demande et cette “offre”.
Membre de l’opposition au conseil municipal, Rudy Namur s’est un temps heurté aux réticences de la mairie pour lui donner une autorisation d’occuper l’espace public. Il a fallu faire porter le projet par une association non politique déjà existante “Engagement partagé”, “qui n’a depuis reçu aucun soutien de la municipalité” souligne le conseiller municipal châlonnais. Mais les marchés ont bien été mis sur pieds, et les 2 premiers ont attiré énormément de monde. “C’est bien simple, le deuxième dimanche, en 40 minutes les stands étaient vides” nous indique l’élu, “c’est bien la preuve que l’opération répond à un réel besoin”. Ce dimanche encore ils étaient plus de 200 à profiter de cette opération, du jamais vu selon les organisateurs.
“L’idée c’est que ça perdure” prévient le conseiller, également bénévole dans l’association, “mais en février on va prendre une pause pour faire un premier bilan et améliorer notre fonctionnement pour revenir encore mieux organisés dès mars”. Justement pour améliorer ce marché, l’association envisage de développer un label “commerçant solidaire” pour inciter aux dons, même d’invendus, et “que ce ne soit pas toujours les mêmes qui donnent”. Le marché solidaire de l’association “Engagement partagé” ne devrait donc pas connaître sa dernière édition dimanche 3 janvier à Fagnières.