À Châlons-en-Champagne (Marne), depuis le 20 mars, une petite rue reliant le centre-ville aux halles a vu certains de ses pavés être peints aux couleurs du drapeau ukrainien, bleu et jaune. Il y en a 726 pour être précis, autant que de victimes civiles comptabilisées par un premier bilan des Nations-Unies (officieusement, il y en a bien plus).
Des couleurs chatoyantes pour une réalité qui l'est bien moins. À sa manière, la mairie de Châlons-en-Champagne (Marne) a donné son aval pour ne pas oublier les victimes civiles de la guerre menée par la Russie en Ukraine.
Sceller la mémoire des personnes disparues sur les pavés, ça se fait beaucoup dans le monde germanique. On appelle ces pavés (faits de laiton) des Stolpersteine (littéralement pierres d'achoppement en allemand, sur lesquelles on trébuche).
Mais le chef-lieu marnais a vu une autre idée se concrétiser : peindre en bleu ou jaune 726 de ces pavés. C'est à dire les couleurs des cieux azuréens et des champs de blé dorés symbolisés le drapeau ukrainien. Qui s'étalent à présent sur la rue de l'Olican (voir sur la carte ci-dessous).
Cette dernière, étroite et piétonne, et constitue un raccourci entre l'hypercentre et les halles couvertes : les démarches artistiques y foisonnent régulièrement. Le nombre 726 renvoie à un premier bilan officiel - bien que fort incomplet - des Nations-Unies : 726 victimes civiles tuées dans la guerre en Ukraine, dont 52 enfants.
La mairie soutient la cause
Sollicité par France 3 Champagne-Ardenne, le cabinet du maire présente cette "action spontanée" comme émanant "d'un collectif d'artistes châlonnais qui tient à rester anonyme". La municipalité n'a fait qu'accueillir favorablement cette proposition artistique, afin de la "soutenir".
Elle s'est déjà engagée précédemment sur la question de l'Ukraine. Elle a promis d'accueillir une partie des populations réfugiées (voir la publication Facebook ci-dessous). Promesse tenue : 56 personnes s'y sont réfugiées.
La peinture employée par le collectif a "tendance à disparaître au fil des intempéries". Mais ce n'est pas pour tout de suite, "ça va rester" un peu. De quoi "inviter la population à emprunter cette rue".
Les retours sont, dans l'ensemble, positifs. "Les Châlonnais semblent sensibles à cette cause. Et ils relaient l'information sur les réseaux sociaux." Le pari du collectif, "voir ce qu'on ne voit pas à Châlons", semble donc réussi.
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