Marne : à Ceva Logistics, aucun accord pour le plan de sauvegarde de l'emploi

Les syndicats de l'entreprise Ceva Logistics basée près de Vatry dans la Marne espéraient décrocher un PSE (plan de sauvegarde de l'emploi) digne de ce nom. Peine perdue. Ce 28 janvier, ils n'ont pas réussi à se mettre d'accord avec la direction. Un conflit qui laissera beaucoup d'amertume aux 69 salariés.

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L’entreprise Ceva Logistics de pièces automobiles, située dans la zone aéroportuaire de Vatry à Bussy-Lettrée (Marne) devait fermer le 31 décembre 2021. Mais comme le plan de sauvegarde de l’emploi n’était pas bouclé, la cessation totale de l’activité avait été repoussée à ce vendredi 28 janvier 2022, jour d'une nouvelle réunion pour conclure le PSE (plan de sauvegarde de l'emploi). 

Les discussions ont bien eu lieu, comme prévu. Mais les illusions n'ont pas duré bien longtemps. "On a tout de suite compris que la décision de l'employeur serait unilatérale, explique fataliste Ahmed Laouar, délégué CGT. On n'a pas trouvé d'accord sur le contenu du PSE. Ce que la direction nous propose est très insuffisant compte-tenu des moyens financiers du groupe. On se moque de nous. On a encore un peu de dignité. Impossible d'accepter dans ces conditions." 

"La fin était connue d'avance, rappelle le syndicaliste. On avait un client principal depuis 25 ans. C'était Fiat. Mais il est parti en plein milieu de l'année dernière. C'était un coup dur. Les ennuis ont commencé quand le groupe automobile a fusionné avec PSA en 2021 pour devenir Stellantis et n’a pas renouvelé son contrat avec notre entreprise. On s'est rapidement retrouvé en cessation d’activité."

69 salariés sur le carreau et dans l'incertitude

Les piquets de grève n'ont fait que repousser l'échéance. Les salariés s'étaient relayés jour et nuit pendant une semaine au mois de novembre 2021 devant l'entreprise d'entreposage. "C'était pour l'honneur et pour montrer qu'on ne se laisserait pas faire." Un esprit combattif qui n'a jamais quitté Ahmed, 43 ans et quasiment 18 ans de boîte. 

"Aujourd'hui encore, je suis combattif. Avec mes collègues, on essaie de positivité, de croire en notre avenir et d'aller de l'avant ..." ajoute-t-il dans un soupir qui en dit long. De longs mois de lutte, de discussions et de négociations, comme d'autres auparavant. "On attend un reclassement en interne ou en externe. on verra bien." 

Maintenant le sort des 69 salariés est "entre les mains de l'administration. C'est elle qui tranchera puisqu'on n'a pas réussi à se mettre d'accord entre organisations syndicales et direction."

Ceva Logistics était arrivé à Vatry (Marne) en 2001, avant l'entreprise était basée à Trappes. Certains salariés avaient même quitté les Yvelines pour venir s'installer dans la Marne. "On avait pour la plupart la fierté de cette entreprise, mais aujourd'hui quelle fierté pour ceux qui se sont bien moqué de nous ? Plutôt du dégoût !" Au plus fort de l'activité, le site a accueilli jusqu'à 400 salariés. C'était il y a une petite quinzaine d'années. Une éternité.   

Les 69 salariés se trouvent sans certitude sur leur avenir à court et même à long terme. Qu'ils soient opérateurs, caristes, chefs d'équipes, responsables d'exploitations, cadres. "Ils ne se voient pas recommencer à zéro à leur âge. Certains sont usés et dans un état psychologique préoccupant." La cessation d'activité est repoussée en mars prochain.

Une action en justice à venir

Les salariés ont particulièrement le sentiment de s'être fait bernés. "Ils ont été rappelés pour préparer le transfert des stocks." Comme pour préparer leur propre mise à mort. 

"Des camions viennent chercher les pièces pour les transférer en Italie, chez Fiat. Puis d'Italie, ils les ramenaient en France chez Stellantis à Vesoul dans le Jura. Un détour incroyable ! Mais c'est une entourloupe de la part de Stellantis, poursuit le délégué CGT. C'est pour masquer leurs responsabilités. Car s'il y a un transfert d'activités, il doit y avoir un transfert des contrats de travail. Ils nous font croire qu'ils livrent en Italie. Mais nous ne sommes pas dupes. Nous savons bien que les marchandises reviennent en France. Ce qui rend l'opération illégale", explique Ahmed Laouar.

C'est pourquoi les salariés ont décidé d'intenter une action en justice dans les prochaines semaines. "Une plainte est en préparation", conclut-il. Un combat de plus à mener. 

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