Le conseil départemental de la Marne a acté, vendredi 31 janvier, la création d’une nouvelle taxe de séjour additionnelle. Elle vise à faire contribuer les touristes et pourrait rapporter jusqu’à 400 000 euros par an. Une mesure qui n’étonne guère les professionnels du secteur, qui s’interrogent toutefois sur son utilisation.
Entre 350 000 et 400 000 euros par an. C’est le montant qui devrait être récolté via une nouvelle taxe de séjour additionnelle, votée vendredi 31 janvier lors d’une session plénière de l’assemblée départementale pour le budget 2025. Elle entrera en vigueur au 1er janvier 2026.
L’objectif affiché par le Département ? “Faire contribuer les touristes de passage sur notre territoire aux dépenses de notre collectivité liées à l'attractivité du tourisme dans la Marne.” Cette nouvelle taxe s’inscrit dans un “contexte budgétaire extrêmement contraint pour notre collectivité et permettra de garantir le soutien départemental aux activités de l'Agence de développement touristique”, précise le Département.
L'assemblée départementale s'est réunie ce jour pour voter le budget primitif de l'année 2025, d'un montant de 593M€.
— Jean-Marc Roze (@JM_Roze) January 31, 2025
Il a été voté à l’unanimité.
En raison des difficultés financières rencontrées, le Département entend plus que jamais concentrer ses efforts sur son rôle de… pic.twitter.com/VMdlmw5gJk
67 Départements français, soit les deux tiers, ont déjà mis en place la taxe de séjour additionnelle. Elle s’ajoute à la taxe de séjour, qui doit être payée par le vacancier qui loge dans un hébergement touristique, selon le tarif fixé par la commune.
Un besoin de nouveau financement
"Ce n’est ni plus ni moins que dans la droite ligne de ce qu’ont fait d’autres départements. Sa mise en place intervient même de façon tardive", abonde Philippe Verger, directeur de l’Office de Tourisme du Grand Reims, qui n’était pas au fait de ce vote. Tout comme Joël Oudin, président de l’Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie (UMIH) de la Marne, plus que surpris de ne pas avoir été consulté.
“Nous ne sommes pas contre, on savait que ça allait arriver, mais on aurait aimé être prévenu…”, déplore-t-il. “On est conscients que les dotations de l’État diminuent et qu’il faut faire vivre le tourisme”, ajoute l’ancien gérant de deux établissements rémois durant 27 ans, Joël Oudin, qui craint toutefois que les recettes ne viennent remplacer les subventions de la Ville ou du département pour le tourisme.
Ce n’est ni plus ni moins que dans la droite ligne de ce qu’ont fait d’autres départements. Sa mise en place intervient même de façon tardive.
Philippe VergerDirecteur de l’Office de Tourisme du Grand Reims
Concrètement, la taxe additionnelle s’ajoutera à la taxe de séjour déjà existante en la majorant de 10%. Par exemple, si le montant de cette dernière est fixé localement à 1€ par personne et par nuitée pour un hébergement, la taxe additionnelle correspondra à 10% de 1 €. “Le touriste paiera donc 1,10 € au logeur”, illustre le Département. Si la taxe de séjour est de 5 euros, 50 centimes seront ajoutés à la facture.
Pour Philippe Verger et Joël Oudin, l’impact de la mesure sur l’attractivité est jugé limité. “Ce n’est pas ça qui va empêcher le tourisme”, indique le directeur de l’Office de Tourisme, rejoint dans ses propos par le président de l’UMIH Marne : “Le client se fiche du type de taxe, ce qu’il voit c’est le prix de la chambre et le pied de la facture. Mais l’augmentation est ici limitée donc ça n’aura pas d’impact et ça va rapporter des sous, c’est bien, tant mieux !”
Impact limité sur la facture
Des inquiétudes subsistent toutefois concernant l’utilisation des recettes. “On espère que ce sera bien utilisé, mais c’est souvent difficilement vérifiable”, regrette Joël Oudin. Actions de promotion du territoire, campagnes internet, sensibilisation en lien avec les socioprofessionnels, travaux d’embellissement… Nombreuses sont les possibilités. “Mais on peut mettre ce que l’on veut derrière le mot ‘tourisme’”, note Philippe Verger.
On espère que ce sera bien utilisé, mais c’est souvent difficilement vérifiable.
Joël OudinPrésident de l’UMIH de la Marne
Dans les faits, les recettes perçues par les communes et les Établissements publics de coopération intercommunale (EPCI), c’est-à-dire des structures administratives permettant à plusieurs communes d’exercer des compétences en commun, seront redistribuées au Département. Lui-même reversera le tout à l’Agence de développement touristique (ADT), une association créée à l’initiative du Conseil départemental chargée de préparer et de mettre en œuvre la politique touristique de la Marne.
Reste à savoir si une ligne supplémentaire sera ajoutée sur la facture ou si la taxe additionnelle sera intégrée dans la taxe de séjour. “On attend les ordres”, conclut Joël Oudin. En 2023, les touristes ont effectué 10,6 millions de nuitées dans la Marne, soit 8,8% de plus qu'en 2022.