Ce vendredi 17 janvier, une Marnaise a été agressée sur le parking d’une zone commerciale alors qu’elle venait de s’offrir plusieurs paquets de carte Pokémon en édition limitée. Le même jour, dans un autre magasin de Reims, son conjoint se dit victime d’intimidation de la part d’acheteurs peu scrupuleux.
"Je n’ai dormi que 10 heures en 3 nuits, mon cerveau n’arrive pas à déconnecter, c’est un peu compliqué" nous confie Charlène (son prénom a été modifié) quelques jours après son agression à Reims. La Marnaise, qui souhaite conserver l’anonymat, n’arrive toujours pas à croire ce qui lui est arrivé ce vendredi 17 janvier, jour de la date de sortie des tout derniers coffrets Pokémon.
"Je suis allée récupérer deux coffrets que des commerçants avaient gentiment accepté de me mettre de côté car je travaillais" raconte la jeune femme. C’est en sortant du magasin et en rejoignant sa voiture que la collectionneuse de cartes Pokémon est arrêtée par "un homme d’une petite trentaine d’années" qui lui propose de racheter ses boîtes. "Je suis ressortie du magasin avec les deux coffrets sous le bras car ils ne tenaient pas dans mon sac à main" précise-t-elle. La jeune femme refuse une première fois de lui vendre ses précieuses cartes mais l’homme insiste et lui en propose alors le double du prix. "Je lui ai expliqué que je ne changerai pas d’avis, que je voulais les garder et que je tenais à les ouvrir" nous précise-t-elle.
L’homme m’a violemment poussée. J’ai heurté ma voiture et je suis tombée par terre
Charlène, collectionneuse de cartes Pokémon
Charlène tourne alors les talons et continue de rejoindre sa voiture garée au fond du parking de la zone commerciale. "Et là, je sens qu’on tente de m’arracher les coffrets des mains. Par réflexe, j’ai tout serré contre moi et l’homme m’a violemment poussée. J’ai heurté ma voiture et je suis tombée par terre" se remémore la collectionneuse encore perturbée par l’agression. C’est l’arrivée d’un homme, témoin de la scène, qui fait fuir l’agresseur de Charlène.
Des cartes très attendues par les fans… et les scalpeurs
Vendredi dernier, Pokemon Company a lancé en grande pompe ses nouveaux coffrets de cartes "Evolutions Prismatiques". En moins d’une matinée, il était impossible d’en trouver à Reims et ailleurs. Dans les coffrets : des rééditions des Pokémon les plus connus et particulièrement prisés des collectionneurs et des fans.
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Certaines cartes se monnayent aujourd’hui jusqu'à 1100€ sur les sites de revente en ligne. "C’est terrible comme situation" s’attriste Damien Raimbeaux, le fondateur d’une ligue Pokémon dans la Marne, "La Tour Carillon" (les fans de Pokémon Or auront la référence). "Le principal problème, ce sont ces gens qui pensent avoir trouvé la poule aux œufs d’or et qui achètent en masse en espérant créer la pénurie et faire grimper les prix" nous explique le Rémois.
Dans le monde Pokémon, cette pratique a un nom : le scalping. Et la communauté est de plus en plus souvent victime de cette spéculation.
Ils ont fait des blocages avec des caddies et ils ont dit à mon conjoint qu’ils allaient tout raser chez nous.
Charlène, collectionneuse de cartes Pokemon
Le conjoint de Charlène en aurait fait la triste expérience le même jour qu’elle mais dans une autre zone commerciale rémoise. Selon elle, plusieurs hommes sont venus spécialement de Paris pour tenter d’acheter le plus de coffrets Pokémon possibles. "Ils ont fait des blocages avec des caddies et ils ont dit à mon conjoint qu’ils allaient tout raser chez nous. Ils ont sorti des matraques télescopiques, c’est dingue" nous raconte la jeune femme.
Le conjoint de Charlène n’a été victime d’aucune agression physique. "Ils étaient plus menaçants qu’autre chose et ils se sont vite calmés quand ils ont compris que le magasin ne vendait pas plus de 5 exemplaires par personne" ajoute la Marnaise. "Ce genre de choses arrive rarement mais cela arrive sur certaines séries plus populaires que d'autres" analyse Damien Raimbeaux. "Il y a une série qui sort tous les 3 mois et il y a une série dans l'année qui pose problème mais le reste du temps tout se passe très bien" tient à rassurer le fan. "Nous, en tant que club, on fait des avant-premières sur les séries et l'ambiance est très familiale" précise Damien Raimbeaux.
De nouvelles cartes réimprimées
Pour contrer le phénomène du scalping et pour faire face à la demande, Pokemon Company a annoncé la réimpression de nouvelles cartes. "Nous comprenons que ce désagrément peut être décevant pour les fans, et nous travaillons activement à imprimer plus de produits concernés, aussi rapidement que possible et à capacité maximale, pour répondre au problème. Les produits réimprimés devraient être disponibles dès que possible chez les revendeurs participants, afin de permettre à un plus grand nombre de fans d’accéder aux produits Évolutions Prismatiques." peut-on lire sur le réseau social X.
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"Il y a beaucoup de gens qui pensent qu’ils vont pouvoir se faire de l’argent mais ce n’est pas forcément vrai car face à certains débordements, Pokemon Company a annoncé qu’ils allaient réimprimer des cartes donc ça va participer à faire baisser les prix" commente Charlène. La collectionneuse de 35 ans, au-delà du traumatisme, s'inquiète que sa mauvaise expérience ne vienne ternir l'image de toute une communauté. "Il y a une grande communauté à Reims qui est pleine de bienveillance, j'ai reçu beaucoup de témoignages de soutien après mon agression" se console la jeune femme. "Je suis une vraie collectionneuse et pas une scalpeuse. Notre plaisir avec mon conjoint c'est d'ouvrir les boîtes petit à petit et de découvrir les cartes qu'il y a dedans, pas de se faire de l'argent" tient-elle à préciser. L'agresseur présumé de Charlène n'a pas réussi à lui dérober ses précieux coffrets et la jeune femme a décidé de ne pas porter plainte, incertaine quant à l'issue de l'enquête.
Bien que les coffrets aient été déchirés, elle a pu faire une jolie découverte dans les paquets de cartes : "Je suis bien contente car il y avait quand même une bonne carte dans les coffrets que l’on a achetés vendredi. Je me dis que c’est le karma et qu’il n’a pas réussi à m’arracher ma bonne carte" décide de se réjouir la fan de Pokémon. Aujourd'hui, le Pêchaminus dégoté par Charlène vaut une soixantaine d'euros sur internet mais, soyez-en sûrs, elle compte le garder précieusement.