Une classe de 3ᵉ est menacée de fermeture au collège Paul Éluard de Verzy dans la Marne. Une décision incomprise et impossible pour des professeurs de l'établissement, qui se mobilisent.
La fermeture d'une classe de 3ᵉ à la rentrée 2025 n'est tout simplement pas acceptable pour ces enseignants du collège Paul Éluard de Verzy (Marne). Selon les professeurs, cette décision est seulement motivée par une raison économique. "On nous a simplement dit, on a une mauvaise nouvelle, le rectorat supprime une classe l'année prochaine. Que dans le contexte actuel, l'État demande que l'on fasse des économies de professeurs et d'enseignants", expliquent Juliette Roussel, professeure de français et Laetitia Dubots, professeure d'arts plastiques.
Au moins 96 élèves répartis dans seulement trois classes ?
En septembre prochain, il n'y aurait alors plus que trois classes de 3ᵉ, contre quatre actuellement, pendant que 96 élèves sont actuellement en 4ᵉ, selon les professeurs du collège. Soit au moins 32 élèves par classe, si tous les élèves passent en classe supérieure, sans compter de possibles nouvelles inscriptions. Les enseignants, signataires de la motion d'opposition à la fermeture d'une division de 3ᵉ, mettent plusieurs problématiques en avant.
Il y a tout d'abord une contrainte d'organisation, d'espace dans les classes construites dans les années 90, où selon eux, "les salles du collège de Verzy peuvent très difficilement contenir autant d'élèves". Mais aussi des difficultés de concentration et d'apprentissage, une participation orale limitée et des cours magistraux privilégiés... "Il faut penser aux intérêts des élèves qui vont entrer dans cette charnière [...] classe à examen et classe d'orientation : comment peut-on envisager sereinement les meilleures chances de réussite ?", indique les enseignants signataires.
"Ils font comme s'ils n'entendaient rien"
Ce projet de fermeture de classe est à contre-courant par rapport au relevé d'indicateur de gestion qui, selon les deux professeures, a été relevé à 30 élèves maximum par classe alors qu'il était à 29 auparavant. Mais au vu des effectifs actuels, ce quota ne serait pas respecté. "Le rectorat ne retient que 89 élèves pour nous donner les moyens de gérer seulement trois classes. Ils font comme s'ils n'entendaient rien et on aura 32 élèves par classe", expliquent les deux professeures.
Les élèves ont besoin d'attention. Ils ont de plus en plus de difficultés de concentration. Mettre 32 élèves dans une classe, c'est une véritable hérésie.
Juliette Roussel, professeure de français.
Malgré des demandes d'explications au rectorat, de la principale du collège ou des enseignants, aucune discussion n'aurait eu lieu depuis l'annonce de cette décision le 22 janvier dernier.
Une pétition lancée
Pour montrer leur mécontentement, les parents et professeurs ont récemment lancé une pétition en ligne."Cette situation nous concerne tous et nous inquiète. C'est une décision sans fondement", assure Laurie de la Maison, élue des parents d'élèves. "Ces choix vont à l'encontre des élèves. On est inquiets de cette surcharge, de l'investissement des professeurs qui risquent d'être morcelés entre plusieurs établissements", poursuit-elle.
Beaucoup de parents, qui peuvent avoir les moyens, se demandent s'ils ne vont pas aller sonder des établissements privés. Notamment pour avoir de meilleures conditions de travail.
Laurie de la Maison, élu des parents d'élèves du collège.
Les professeurs ont aussi écrit aux députés, sénateurs et conseillers départementaux pour tenter de faire changer les choses. Sans changement significatif, certains professeurs seraient prêts entamer un long mouvement de grève. "On veut que cette grève soit efficace, on veut être entendu", assurent-elles.
Un conseil d'administration exceptionnel a lieu jeudi prochain, le 4 février pour tenter de changer les choses. La décision définitive, de garder cette classe ou non, ne sera officielle que le 23 juin prochain.