Faciliter les rencontres amicales, renforcer sa vie sociale et découvrir de nouvelles activités... Tels sont les objectifs de l'application "Leizup", de plus en plus populaire dans la Marne. Un concept qui se nourrit des centres d'intérêts de membres aux profils variés.
Il y a quelques années, le normand Yoann Poher trouve son premier emploi à Reims, dans la Marne. “En tant que nouveaux arrivants avec ma conjointe, on se retrouvait souvent seuls les week-ends. Il manquait quelque chose pour simplifier les rencontres et se sociabiliser”, raconte l’ancien responsable marketing dans le sport.
Licencié économique, il revient à Rouen avec cette problématique en tête. S’ajoutent à cela sa volonté de se lancer dans l’entrepreneuriat et l’isolement renforcé par les confinements. C’est ainsi que naît en mars 2021 la plateforme Leizup, contraction de “leisure” et “up” en anglais, “augmente tes loisirs, et donc tes rencontres”, traduit Yoann Poher, aujourd’hui âgé de 33 ans.
Concrètement, chaque inscrit peut proposer une activité qui mènera à une rencontre, souvent en petit comité. Que ce soit dans la vraie vie, mais également par caméra interposée si cela s’y prête - c’est même comme cela, à l’heure du confinement, que le concept a débuté. “Dans mes groupes de copines, il y en a peu qui aiment la musique afro-caraïbe, donc j’organise des sorties dans un bar à Reims, ça me permet de rencontrer des personnes avec les mêmes goûts musicaux”, raconte Célia Dongar, rémoise de 36 ans.
Des possibilités de sorties infinies
Exposition, sport, fléchette, escape game, boîte de nuit, bar… L’étendue des possibilités n’a de limite que l’imagination des utilisateurs. “Chacun vient mettre ses passions, centres d’intérêts ou ce qu’il a envie de faire. On a déjà eu des sorties ramassage de déchets, des maraudes, des chasses au trésor ou des soirées ‘Un dîner presque parfait’”, cite, amusé, le co-créateur.
On a déjà eu des sorties ramassage de déchets, des maraudes, des chasses au trésor ou des soirées ‘Un dîner presque parfait’.
Yoann Poherco-créateur
“J’ai eu l'occasion de refaire de l’accrobranche, de tester une expérience immersive dans le monde médiéval ou de jouer au billard”, énumère Audrey Manin, marnaise de 39 ans : “Je ne m’imaginais pas forcément y participer un jour, mais je me suis dit pourquoi pas !”
Un bon moyen d’oser tester de nouvelles choses, tout en faisant de nouvelles rencontres, comme ça a été le cas d’Audrey. Sociable, l’intermittente du spectacle a été poussée par le “côté humain et l’enrichissement personnel des nouvelles rencontres.”
1 823 "Zuppers" dans la Marne
Presque quatre ans après son lancement, l’application Leizup, gratuite avec un système premium, rassemble 40 000 membres, dont 1 823 dans la Marne. Il y a ceux qui viennent d’arriver dans une ville, ceux dont les proches ne partagent pas les mêmes centres d’intérêts, ceux dont la vie sociale se limite au travail ou ceux au cercle d’amis de moins en moins disponible.
Elodie (prénom d'emprunt), 35 ans, fait partie de cette dernière catégorie de “Zuppers” : “Mes amis ont des enfants, donc ils ne proposent que des choses chez eux et ça ne me pousse pas à rencontrer d’autres personnes, alors que là, j’enrichis ma vie sociale”, explique cette célibataire sans enfant.
Mes amis ont des enfants, donc ils ne proposent que des choses chez eux et ça ne me pousse pas à rencontrer d’autres personnes, alors que là, j’enrichis ma vie sociale.
ElodieMembre Leizup dans la Marne
Utilisatrice depuis quelques mois, Elodie se réjouit d’avoir pu trouver le même type de profil qu’elle sur l’application. “Finalement, à la première sortie, je me suis vraiment amusée et je me suis sentie en phase avec ces personnes. Il y en a deux-trois avec qui j’ai bien accroché et on garde contact. Je pense que ça peut même donner de nouveaux groupes d’amis”, avance-t-elle, désormais totalement convaincue.
Des personnes de 20 à 65 ans
Il faut dire que les profils sont variés, avec tous les domaines et toutes les tranches d’âges, allant des étudiants aux soixantenaires, avec toutefois une majorité de trentenaires, indique Yoann Poher : “On voit des gens que l’on n’aurait jamais pensé rencontrer. Ça débouche sur plein de choses. Certains se sont fait embaucher, des amitiés fortes se sont créées, et même des couples !”, raconte-t-il.
Ça débouche sur plein de choses. Certains se sont fait embaucher, des amitiés fortes se sont créées, et même des couples !
Yoann PoherCo-créateur
Afin d’aider les nouveaux à sauter le pas malgré les appréhensions du début, Yohann Poher et son associé, Samuel Guillot, ont renforcé il y a quelques mois leur système d’ambassadeurs. Audrey Manin et Célia Dongar, initialement membres très actives de l’application, sont ainsi chargées de la Marne.
Devenues des moteurs, leur rôle est d’être force de propositions, ainsi que des médiatrices entre les créateurs et les utilisateurs du département, qui bénéficie depuis quelques mois d’un fort engouement. À ce jour, depuis le début du mois de janvier, plus de cinquante sorties ont été créées.
Deux ambassadrices dans la Marne
Les deux ambassadrices ont notamment un rôle prépondérant aux événements organisés une fois par mois par Leizup, les Apé’rencontres. La dernière soirée à Reims a réuni une cinquantaine de personnes, nouveaux comme vétérans. “J’ai pris la parole pour expliquer le concept”, raconte Célia Dongar. “L’objectif, c’est de mettre à l’aise, toujours dans la bienveillance”, abonde Audrey Manin.
L’objectif c’est de mettre à l’aise, toujours dans la bienveillance.
Audrey ManinMembre et ambassadrice de la Marne
Le fondateur, aujourd’hui intervenant en marketing en parallèle de la gestion de Leizup, nourrit la volonté que l’application devienne un réflexe partout en France, comme c’est devenu le cas en Seine-Maritime, avec 10 000 membres et plus de 100 sorties par semaine. Un “rythme effréné” qui permet de faire évoluer le concept en organisant des événements plus poussés, par exemple des soirées speed dating ou des soirées jeux.
En Champagne-Ardenne, seule la Marne rassemble pour le moment assez de membres pour créer un cercle vertueux de sorties et de rencontres. Pour certains membres , il est même question de partir en week-end en montagne avec des personnes rencontrées lors d’une sortie, après une proposition lancée un soir autour d’un verre : “Je les connais à peine, mais pourquoi pas !” témoigne l'une d'entre elles.