Un jeune homme originaire d'Afrique de l'Ouest s'est fait arrêter à Reims le 4 juillet 2021 par la police, après avoir grillé un feu rouge, alors qu'il livrait un repas. Son obligation de quitter le territoire français ayant expiré, il a été transféré dans un centre de rétention administratif.
C'est une infraction au code de la route qui prend des proportions inattendues. Ce dimanche 4 juillet 2021, alors que Souleymane s'apprête à livrer une commande Deliveroo, il grille un feu rouge dans les rues de Reims. Des policiers qui étaient à proximité l'ont interpellé, et les ennuis ont commencé pour ce jeune Ouest-Africain de bientôt 20 ans.
"Il était sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français [OQTF] qui a expiré", relate Marie-Pierre Barrière, membre du Réseau éducation sans frontière (RESF) de Reims. Les autorités lui délivrent alors une autre OQTF. "Il a été transféré au centre de rétention administrative de Toulouse", ce dimanche.
Un parcours plein d'"ambitions"
Pour Marie-Pierre Barrière, cette situation est injuste. "Souleymane a un long parcours en France", souffle-t-elle. "On attend que sa situation soit prise en considération. C'est du gâchis", poursuit-elle. Le jeune homme est arrivé en France à l'âge de 15 ans, puis pris en charge par l'Aide sociale à l'enfance un an plus tard. L'adolescent obtient un CAP en électricité, puis souhaite de lui-même poursuivre en bac professionnel, "preuve de ses ambitions".
À ses 18 ans, il dépose une demande de régularisation aux services de la préfecture. Problème : à l'époque, "ses documents ont été jugés contrefaits par le bureau de la fraude documentaire", affirme Mme Barrière avant de nuancer : "Une majorité de jeunes Africains de l'Ouest, qui n'ont pas été déclarés à la naissance, sont aujourd'hui confrontés à ce problème du fait de la précarité des services administratifs de leurs pays d’origine."
Une pétition et une manifestation
Les résultats du baccalauréat sont tombés pour le jeune homme : il n'est pas admis. Pourtant, "le conseil de classe avait émis un avis favorable" au vu de son parcours et de ses efforts. D'autant qu'il logeait au Val-de-Murigny, dans un Formule 1. "Il était très loin de son lycée. Cela devait être très difficile à vivre", affirme Mme Barrière.
Comme une pensée obsédante, le jeune homme avait, de plus, toujours sa possible expulsion en tête. Aujourd'hui, il a épuisé tous les recours. "Le Tribunal administratif a refusé de casser l'OQTF et la Cour d'appel a confirmé la rétention. Il n'y a plus de solution", souffle Marie-Pierre Barrière. Alors les amis et les soutiens de Souleymane ont lancé une pétition en ligne à destination du préfet. "Souleymane, arrivé en France à 15 ans, demain bachelier, ne doit pas être expulsé !" indique le document qui a déjà recueilli près de 20 000 signatures.
Le Réseau éducation sans frontière veut par ailleurs organiser une manifestation, lundi 12 juillet 2021 devant la préfecture. Le but : "demander au préfet une mesure exceptionnelle pour qu'il puisse réétudier la situation de Souleymane."
La préfecture ne souhaite pas s'exprimer au sujet de l'expulsion de Souleymane.