Le jeudi 26 janvier, une enquête du média StreetPress a été publiée, s'intitulant "Reims expérimente une intelligence artificielle de Thalès pour surveiller ses habitants, et personne n’est au courant". La mairie a tenu à apporter un démenti.
L'intelligence artificielle (IA) fait beaucoup parler en ce moment avec l'utilisation faite de ChatGPT dans les établissements scolaires et universitaires. Mais d'autres usages existent, par exemple en matière de vidéo-surveillance.
C'est sur ce domaine précis que le jeudi 26 janvier 2023, le média StreetPress a publié une enquête librement accessible en ligne. Elle est intitulée "Reims expérimente une intelligence artificielle de Thalès pour surveiller ses habitants, et personne n’est au courant". StreetPress est un site d'informations en ligne reconnu par la Commission paritaire des publications et agences de presse.
Dans une réponse écrite adressée à France 3 Champagne-Ardenne, Arnaud Robinet, maire (Horizons) de Reims (Marne) directement cité, ne souscrit pas aux analyses et conclusions de l'article. Il préfère d'ailleurs faire varier la sémantique, et employer le terme de vidéo-protection.
Rechercher des voitures
"Cet article provient d’un média marqué à l’extrême-gauche ouvertement hostile à la vidéo-protection dans tous ces aspects, dans le contexte particulier du débat sur l’introduction de l’IA pour la protection des JO. Contrairement à ce qui est évoqué dans l’article, la vidéo-protection n’a jamais servi à 'surveiller en direct la voie publique', activité strictement limitée. Par ailleurs, le cadre législatif actuel ne permet pas d’exploiter des système augmentés par l’IA."
"Le CSU (centre de supervision urbain) a expérimenté un logiciel intégrant de l’IA destiné exclusivement à faciliter la relecture des vidéos dans le cadre très strict des réquisitions judicaires. Cette expérimentation a été autorisée par le procureur de la République. Par exemple pour la recherche a posteriori d’un type de véhicule d’une couleur spécifique sur une plage horaire définie, sans aucune possibilité d’identification de ce véhicule ou de reconnaissance faciale."
"L’objectif était d’optimiser le travail des enquêteurs préalablement aux extractions judicaires. Cette expérimentation n’a duré que quelques semaines et n’a pas été mise en production, Thalès RCS ayant décidé l’arrêt du logiciel. Elle est aujourd’hui totalement arrêtée et la ville recherche des solutions alternatives, l’optimisation des systèmes de relecture restant un objectif important."
Le sujet abordé lors du prochain conseil municipal
Interrogé par StreetPress, Léo Tyburce, conseiller municipal d'oposition (EELV) aurait souhaité plus de transparence "sur ces expérimentations", comme il l'explique à France 3 ce samedi 28 janvier. "J'ai interpellé le maire en novembre 2021 parce que dans le document de préparation du budget, ils évoquaient un outil de reconnaissance faciale, c'était écrit ça. J'ai pris la parole pour demander ce qu'était cet outil, qu'on ne pouvait pas investir là-dedans car c'était interdit par la Cnil. On m'a répondu que c'était un outil faisant appel à l'IA notamment dédié à la reconnaissance des véhicules parce que ça permettait de gagner du temps en cas de réquisition pour rechercher tel véhicule."
"Deux ans plus tard, cette journaliste de StreetPress me contacte, m'apprenant que l'outil intelligent permettrait, selon StreetPress, permettrait de repérer des personnes, cibler les groupes avec des algorithmes... Je relève juste que si c'est le cas, c'est une grande opacité pour les Rémois : c'est ça qui m'importe. Je pense que si on met en place des outils d'intelligence artificielle dans la vidéo avec des algorithmes qui identifient des personnes ou des groupes, ça mériterait un débat public. Cela va plus loin que de la vidéo-surveillance. Une proposition d'intervention est prévue pour que le maire fasse la lumière sur cette situation : si c'est abandonné, si toutes les modalités du logiciel n'ont pas été exploitées, qu'il l'explique."
Le maire sera donc interrogé à ce sujet lors du conseil municipal du lundi 30 janvier, par le groupe d'opposition écologiste. Ce qui devrait lui permettre de clarifier les choses.