Après 21 ans de bons et loyaux services, la boucherie-charcuterie de Warmeriville (Marne) a baissé le rideau fin novembre. Michel et Jean-Luc André, les deux frères à la tête de ce commerce de proximité, n'ont pas trouvé de repreneur à leur activité.
"Il y avait une table là, et une table là. Je désossais mes porcs ici pour préparer ma charcuterie." Dans sa cuisine quasi-vide, Michel André mime ce qui fut son quotidien de traiteur pendant 21 ans. Un mois après avoir baissé le rideau de la boucherie-charcuterie familiale, les réflexes sont toujours là. "C'est difficile à vivre parce qu'on avait toujours plein d'activité. Mais pour moi c'est un soulagement parce que mon coeur, il ne suit plus."
Côté boutique, Jean-Luc, son frère, avait, lui, vitrine sur rue. Depuis 1997, il était le boucher-charcutier de Warmeriville, une commune de presque 2.500 habitants au nord-est de Reims. Magasin, marché hebdomadaire, livraisons... Les deux frères étaient à la tâche sept jours sur sept. Tout juste se prenaient-ils un peu de repos les dimanche et lundi après-midis. Ensemble, ils ont décroché plusieurs récompenses lors de concours d'andouillette, jusqu'à la médaille d'or en 2011.
Mais les problèmes de santé de Michel les ont rattrapés. Jean-Luc ne pouvant plus assumer seul la gestion du commerce de bouche, ils ont mis aux enchères tout leur matériel ; le bâtiment (la boucherie, la cuisine et la maison familiale) est en passe d'être vendu, mais l'activité ne reprendra pas. "C'est une véritable perte pour notre commerce local et les habitants de Warmeriville", se désole Patrice Mousel, le maire de la commune.
"On n'a pas fait fortune, mais on a gagné notre vie"
"Travailler tous les jours, 15h par jour, c'était un rythme infernal !", reconnaît Michel. "On n'a pas fait fortune, mais on a gagné notre vie, même s'il ne fallait pas compter les heures", renchérit son frère.Les frères André souhaitent désormais tourner définitivement la page. Ils déménageront bientôt à Tagnon (Ardennes). Jean-Luc devra ensuite retrouver du travail. Quant à Michel, il va pouvoir profiter de sa retraite et se replonger dans la collection de timbres qu'il a laissée de côté pendant deux décennies.
Cette fermeture vient s'ajouter à d'autres, partout en France. En 2015, un commerce sur dix n'arrivait pas à trouver de repreneur. Malgré cela, Warmeriville s'en sort plutôt bien. Un coiffeur, un boulanger, un bar-tabac et deux hôtels-restaurants sont toujours ouverts dans le village. D'autres commerces (dont un supermarché) sont également présents dans la zone commerciale située à l'entrée de la commune.