"Ce n’est pas une bonne nouvelle", ce département supprime des aides aux séniors

Depuis le 1ᵉʳ janvier 2025, le Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle a supprimé certaines aides pour les bénéficiaires de l'allocation personnalisée à l’autonomie (APA), en raison de contraintes budgétaires. Cette décision, qui touche notamment le portage des repas et la téléassistance, suscite des inquiétudes.

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Le Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle a décidé, depuis le 1ᵉʳ janvier 2025, de supprimer une aide aux personnes âgées bénéficiaires de l’allocation personnalisée à l’autonomie (APA). Enfin supprimer, pas complètement, nous explique Catherine Boursier, vice-présidente du Conseil départemental, chargée de l’autonomie : "Cela concerne 2 900 personnes au total, sauf les cas complexes, des personnes dans des situations de grande dépendance dont la situation nécessite une attention particulière. Elles représentent 10 % des bénéficiaires."

Les aides supprimées concernent le portage des repas et la téléassistance. Jusque-là, les bénéficiaires de l’APA avaient une aide qui pouvait couvrir, en fonction de leur revenu, de 30 % à 100 % de la somme.

La vice-présidente se défend : "Ce n’est pas de gaieté de cœur que nous avons pris cette décision. C’est pour répondre aux exigences budgétaires de l’État. Je rappelle que nous avons un gouvernement de droite. Les départements sont dans des situations financières catastrophiques. Nos recettes se sont effondrées. Nos dépenses sociales explosent. Et on nous demande de boucler nos budgets en faisant des économies. Le budget de l’autonomie dans le budget global de fonctionnement du département représente 30 %. On est obligé de participer d’une façon ou d’une autre pour atteindre les économies demandées."

Pas une bonne nouvelle

Du côté des associations, elles comprennent que la situation soit complexe et le choix de prioriser « les aides humaines à domicile ». C’est la soudaineté de la décision qui les interroge. Elles n’ont pour la plupart pas été prévenues. Ce à quoi Catherine Boursier réagit : "Je le reconnais et je m’en excuse. Je me suis pliée aux exigences administratives."

Pour l’instant, les bénéficiaires et leur famille n’ont pas décommandé de repas, nous explique la responsable d’une structure spécialisée dans le portage de repas. "C’est un peu tôt pour mesurer s’il y a eu un impact sur les bénéficiaires.

"Ce n’est pas une bonne nouvelle" © Pixabay

Les personnes concernées viennent seulement d’avoir l’information", ajoute Jean-Luc Lucien, de la fédération ADMR. "Ce n’est pas une bonne nouvelle pour les personnes fragiles qu’on accompagne. L’aide au portage de repas est facultative. La loi n’oblige pas les conseils départementaux. Ce n’est d’ailleurs pas le choix de beaucoup de départements."

Un crédit d’impôt

Catherine Boursier rassure en expliquant que l’aide supprimée pourra être prise en charge en partie par le crédit d’impôt. Jean-Luc Julien prend un exemple : "Si on prend un prix de repas avec livraison à 10 euros, l’aide du Conseil départemental était de trois euros. Si le repas coûte six euros et la livraison quatre, avec la fin de cette aide, l’État versera sous la forme d’un crédit d’impôt la moitié des quatre euros. Donc en réalité, la personne va perdre trois euros par repas et en récupérer deux. La difficulté pour les usagers sera le différé. L’aide est versée tous les mois alors que le crédit d’impôt est d’une année sur l’autre. Il n’y a pas encore la possibilité de déduire directement le crédit d’impôt, mais sans doute cela se mettra en place."

Sans téléassistance, un risque pour les séniors

"Si le tarif est de 25 euros par mois", nous explique Jean-Luc Julien, "et que vous aviez 10 % à payer, soit 2,50 euros, vous aurez 25 euros à payer avec un crédit d’impôt de 50 %, elle vous reviendra à 12,50 par mois. Mais de la même façon que pour le portage de repas, le crédit d’impôt sera en différé. Si en revanche, la personne était financièrement à l’aise et n’avait pas cette aide, pour elle cela ne change rien, elle aura toujours le crédit d’impôt." Selon nos informations, des médecins s’inquiètent de ce que les personnes avec peu de ressources et leur famille se privent d’une téléassistance à l’avenir.

Catherine Boursier revient sur les cas complexes : "D’abord, nous allons chercher des solutions alternatives pour les personnes qui avaient une prise en charge à 100 %. Il existe peut-être une téléassistance de leur CCAS ou une aide de leur mutuelle.

Pour les 10 % qui sont dans une situation de forte dépendance et en grande précarité, nous continuerons de les soutenir financièrement. Elles continueront à bénéficier du dispositif. On ne laissera pas des personnes dont l’absence de système de téléassistance mettrait leur vie en danger."

L’opposition vent debout

La mesure a fait fortement réagir certains élus comme Valérie Debord par exemple ou encore Christopher Varin sur son compte Facebook.

Catherine Boursier répond : "Ils rentrent dans la brèche. Ils n’ont pas tort. Ils sont sans vergogne et ne font qu’assumer des décisions qui sont prises par des gens qu’eux soutiennent."

Elle ajoute : "Des gens bien informés bénéficiaient du dispositif du département et sollicitaient leur mutuelle et parfois prenaient un contrat groupé plus favorable proposé par leur commune. Comme il n’y avait plus de reste à charge, le crédit d’impôt n’était pas sollicité. Pour nous, c'était un surfinancement."

Le budget départemental alloué pour les personnes âgées était de 123 millions d’euros l’année dernière, en augmentation de 22 millions par rapport à 2022.

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