Un grand mouvement mondial appelle les élus et les utilisateurs à quitter le réseau social X, dirigé par le milliardaire Elon Musk. La date n'a pas été choisie par hasard. Ce lundi 20 janvier, Donald Trump est investi président des États-Unis. En Lorraine, des élus et des institutions ont dit adieu à l'ex-Twitter.
En ce lundi 20 janvier 2025, jour d'investiture de Donald Trump, des politiques de gauche comme de droite ont décidé de quitter X ou d'appeler à un exode massif du réseau social d'Elon Musk, accusé de désinformation, pour rejoindre des réseaux sociaux alternatifs.
Du côté du PS, l'ensemble des députés socialistes et apparentés annoncent ouvrir un compte Bluesky ce lundi, mais tous ne quittent pas X. "L’ingérence d’Elon Musk et de son réseau social dans l’élection de Donald Trump aux États-Unis d’Amérique en novembre dernier et, ces dernières semaines, dans la vie politique allemande et britannique, constitue un grave signal d’alerte pour nos démocraties", expliquent les députés PS dans un communiqué publié sur le réseau Bluesky. Dominique Potier, député de la 5ᵉ circonscription de Meurthe-et-Moselle, qui avait lancé son compte X en 2011 et qui était suivi par plus de 11.000 personnes, confirme la démarche, "je vais quitter X et aller sur Bluesky".
Les députés PS réclament par ailleurs le lancement "d'un groupe de travail transpartisan à l'Assemblée nationale pour répondre aux dangers pour nos démocraties de l’absence de régulation suffisante des géants de la tech et des réseaux sociaux".
J'ai décidé de quitter X fin 2024, suite au soutien apporté à l’AFD par Elon Musk
Mathieu Klein, maire PS de Nancy
Le maire PS de Nancy, Mathieu Klein a, lui aussi, "décidé de quitter X fin 2024, suite au soutien apporté à l’AFD par Elon Musk". Il ajoute que "les raisons ne manquaient pas depuis deux ans de partir, mais cela a été la goutte d’eau. Le robinet de haine et de désinformation se passera donc de ma goutte ! J’ai remercié les quelque 19.000 personnes qui m’y suivaient et je leur ai donné rendez-vous dorénavant sur Bluesky. Je reste pour l’heure sur Facebook, Instagram et Linkedin".
Le Premier ministre espagnol, le socialiste Pedro Sánchez, a appelé lundi à "se rebeller" contre la "technocaste" qui contrôle les réseaux sociaux, estimant, le jour où Donald Trump fait son retour à la Maison-Blanche, qu'elle représentait une "menace" pour le débat public."Nous voyons que la technocaste, si je peux utiliser cette expression pour la Silicon Valley, essaie d'utiliser sa toute-puissance sur les réseaux sociaux pour contrôler le débat public, et par conséquent l'action gouvernementale, de tout l'Occident", a déclaré M. Sánchez lors d'un discours à Madrid sur l'intelligence artificielle.
La patronne des écologistes Marine Tondelier choisit pour sa part de rester sur X "en attendant que l'Union européenne prenne ses responsabilités et mette Twitter/X au pas", explique-t-elle dans un communiqué publié sur son compte X. Elle explique ne pas vouloir abandonner le combat sur cette plateforme, même s'il se fait à "armes inégales" mais elle "postera d'abord sur Bluesky désormais".
Pourquoi je ne quitterai pas Twitter/X.
— Marine Tondelier (@marinetondelier.bsky.social) 20 janvier 2025 à 09:19
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Au centre et à droite, c'est tout aussi tranché. Jean-Luc Bohl, l'ancien président de la Métropole de Metz et maire de Montigny-lès-Metz a fait son choix, ce sera sans lui : "après mûre réflexion et une période volontaire d’absence, je décide de quitter X car ce réseau ne correspond plus aux valeurs qui sont les miennes". Même son de cloche pour Christophe Choserot, le maire de Maxéville, vice-Président de la Métropole du Grand Nancy et Président du groupe Centristes et Territoires (Région Grand Est). Le sénateur LR de Meurthe-et-Moselle, Jean-François Husson nous dit qu'il "n'a pas pris de décision à ce stade". Contacté, le maire de Metz n'a pas répondu à notre demande mais à consulter son compte X, il continue.
Du côté du Rassemblement national, pas de surprise, il n'y a pas de débat. Les posts sur X continuent pour Laurent Jacobelli, le député de la 8ᵉ circonscription de Moselle comme pour ses collègues RN, Kevin Pfeffer ou Alexande Loubet.
Rester sur X en 2025, c'est fermer les yeux sur une dérive préoccupante
Région Grand Est
Forte de près de 50.000 abonnés, la région Grand Est déclare quitter le réseau X : "rester sur X en 2025, c'est fermer les yeux sur une dérive préoccupante : celle d'une plateforme où l'algorithme amplifie la haine, promeut le mensonge et valorise les discours extrémistes".
Compte X également supprimé à compter de ce lundi 20 janvier pour le Département de Meurthe-et-Moselle. "Les controverses autour de X, en matière de confidentialité, de cyberharcèlement, de discours haineux, de violence verbale constante, de mise en avant de théories complotistes dangereuses ou encore d’ingérences politiques et démocratiques ne sont plus à démontrer. Nous ne pouvons ni tolérer, ni adhérer à ces dérives de la plateforme en opposition avec nos valeurs", déclare Chaynesse Khirouni, Présidente du Département, qui quittera aussi officiellement la plateforme, "le Département souhaite privilégier des canaux où la fiabilité de l’information et la sécurité des échanges sont garanties".
Le département de la Moselle semble pour l'instant continuer. Celui de la Meuse n'a pas tweeté depuis le 1ᵉʳ décembre 2023 et celui des Vosges depuis mai 2019.
Un collectif français a développé une application qui aide les utilisateurs de X à migrer vers d'autres réseaux sociaux sans perdre leurs contacts. "HelloQuitteX" - qui tire son nom d'un jeu de mots avec la marque japonaise "Hello Kitty" - propose à l'utilisateur de transférer ses abonnés et abonnements vers Bluesky ou Mastodon, jugés "plus compatibles avec la vie privée et la liberté d'expression", selon ses créateurs.