Depuis quelques jours, le CHRU de Nancy constate un afflux de personnes âgées aux urgences. Conséquence de la chaleur, du Covid et de la difficulté d'accès à la médecine de ville. Une cellule spécifique a été mise en place pour trouver des solutions sur-mesure pour les patients.
Ce n'est pas la première fois que, pendant la période estivale, les urgences des hôpitaux sont mises à rude épreuve. Disons même que c'est quelque chose d'habituel ces dernières années mais force est de constater qu'en cet été 2022 la situation est très tendue. Au CHRU de Nancy, on fait le constat que depuis quelques jours il y a un afflux de personnes âgées. Environ une vingtaine de personnes par jour.
C'est toujours le cas à certaines périodes, en hiver et en été mais là c'est majoré par la canicule, les infections Covid et la fragilité des personnes âgées.
Marie Mangeot, infirmière gériatrique
Marie Mangeot est infirmière gériatrique, elle le confirme: "En ce moment, il y a un afflux de personnes âgées aux urgences. C'est toujours le cas à certaines périodes, en hiver et en été mais là c'est majoré par la canicule, les infections Covid et la fragilité des personnes âgées."
Les explications de cette saturation sont donc multiples. Les effets de la chaleur sur des personnes âgées déjà affaiblies est une première explication. Ensuite, en raison de la crise sanitaire, de nombreuses personnes ont renoncé à se soigner ou ont décalé des soins et se présentent maintenant dans les services d'urgence. Enfin, pendant l'été, la médecine de ville est plus difficile d'accès donc de façon conjoncturelle l'hôpital est davantage sollicité.
Si on ajoute à cela la fermeture estivale de lits en raison du manque de personnel, on aboutit à cette situation de saturation. Conséquence, il faut parfois attendre 5 heures pour une prise en charge aux urgences du CHRU de Nancy.
Manque de personnel paramédical
Trouver une solution entre l'augmentation des admissions et la baisse du nombre de lits disponibles est un exercice d'équilibriste.
Ce qu'on essaye c'est de faire sortir les patients qui sont actuellement dans les services de médecine pour pouvoir libérer des lits et pouvoir continuer à absorber cette augmentation d'entrée aux urgences
Tahar Chouied, professeur de médecine d'urgence
" Pour ne pas avoir un service d'urgence bloqué" explique Tahar Chouied, professeur de médecine d'urgence au CHRU de Nancy, "ce qu'on essaye c'est de faire sortir les patients qui sont actuellement dans les services de médecine pour libérer des lits et pouvoir continuer à absorber cette augmentation d'entrée aux urgences. Si on ne manque pas actuellement de médecins, nous manquons cruellement de personnel paramédical, que ce soit des infirmières ou des aides-soignantes. La fermeture des lits se fait pour des raisons de congés mais aussi en raison d'un manque de personnel paramédical."
Mise en place d'une cellule spécifique
Face à cette affluence estivale de personnes âgées, une cellule spécifique a été mise en place pour trouver des solutions sur-mesure pour les patients. La communauté territoriale des professionnels de santé, la plateforme territoriale d'appui du Grand Nancy et l'équipe mobile de liaison gériatrique ont uni leurs forces.
"Notre mission c'est de venir en appui de tous ces professionnels de ville", explique Eliane Abraham présidente du Collectif des dispositifs d'appui dans le Grand Est. "Cela de façon à faciliter le parcours de ces personnes en évitant autant que possible un passage aux urgences qui peut être délétère."
Hospitalisation à domicile, placement provisoire dans un Ehpad, ce travail en réseau permet de mieux utiliser toutes les ressources du territoire. S'il a montré son efficacité, ce dispositif n'est en aucun cas un remède miracle face à la pénurie de personnel.