L’opéra national de Lorraine retrouvera son public le 22 juin prochain avec l’œuvre de Verdi, Rigoletto. La mise en scène contemporaine signée Richard Brunel situe le drame dans les coulisses d’un ballet avec l'ancienne danseuse étoile Agnès Letestu.
Rigoletto, le bouffon tragique, revient sur la scène de l’Opéra national de Lorraine. Après plusieurs mois de fermeture due aux restrictions sanitaires, le public va pouvoir retrouver le goût de l’opéra avec ce chef d’œuvre de Verdi qu’est Rigoletto dés mardi 22 juin. La jauge sera néanmoins réduite à 65 % pour les quatre premières dates avant un retour à 100 % pour la dernière représentation le 1er juillet pour laquelle il reste encore quelques places.
" On fait du spectacle vivant, cette alchimie entre les artistes et le public c'est capital pour nous, nous sommes donc très heureux de rouvrir nos portes", nous confie Mathieu Dussouillez, directeur de l'Opéra national de Lorraine à quelques jours du retour du public.
Une mise en scène contemporaine
Pour abriter l’intrigue de Rigoletto ce bouffon laid et magnifique qui garde jalousement sa fille Gilda, le metteur en scène Richard Brunel a choisi de situer le drame dans les coulisses d’un ballet. Et pour couronner ce parti pris, l'ancienne danseuse étoile de l’Opéra de Paris Agnès Letestu interprètera la mère de Gilda décédée, en devenant cette ombre qui suit la jeune femme et son père en permanence, apportant une dimension poétique à la pièce.
Richard Brunel, directeur de la Comédie de Valence et futur directeur général de l’Opéra de Lyon connait bien Verdi. Il compte IL Trovatore et La Traviata parmi ses mises en scène. En incluant cette fois le ballet au cœur de l’opéra avec ses intrigues et ses passions, il questionne aussi le spectateur sur les corps normés et les corps difformes, comme celui du bouffon Rigoletto, raillés par cette micro-société .
La Super star des opéras
" Il y a toutes les recettes d'une histoire qui nous touche droit au coeur. Le désir de vengeance, la perte d'un enfant, le tout porté par un orchestre prodigieux qui va porter avec maestria ce repertoire lyrique et dramatique " nous raconte avec passion Mathieu Dussouillez. La musique a en effet un rôle central dans cet opéra. On parle depuis Rigoletto de tragédie en musique, Verdi a vraiment marqué un tournant à son époque dans le genre opératique italien du Bel canto.
A la baguette, le prestigieux chef Alexander Joel qui dirigera l'Orchestre national de Lorraine et qui se produit régulièrement sur les plus belles scènes d'Europe. C'est aussi un habitué de Verdi et de Rigoletto. Et pour incarner cet opéra, des chanteurs lyriques de référence : le barython espagnol Juan Jesus Rodriguez pour interpréter Rigoletto qui perdra sa fille à vouloir trop la protéger. La soprano madrilène Rocio Pérez pour faire vivre Gilda la fille de Rigoletto qui va se sacrifier par amour ou encore le ténor russe Alexey Tatarintsev pour incarner le Don Juan duc de Mantoue.
La générale de Rigoletto aura lieu ce dimanche 20 juin. La première représentation avec du public est prévue mardi 22 juin à 19H30 sur la scène de l'ONL, une bouffée d'oxygène pour la culture et tous ceux qui font vivre l'opéra.
L'histoire de Rigoletto
Chef d'oeuvre du 19ème siècle, le Rigoletto de Verdi est une adaptation du drame romantique de Victor Hugo : "Le roi s'amuse" crée en 1832 à la Comédie française. Pour sa critique à peine voilée du pouvoir royal, la pièce est interdite le lendemain de sa première représentation.
En 1850 Verdi admirateur de Victor Hugo décide de l'adapter en opéra. Pour avoir l'autorisation de la jouer, il déplace le drame de la cour de François 1er à celle du duc de Mantoue.
La pièce en trois actes raconte l'histoire du bouffon Rigoletto maudit par le comte de Monterone venu demander réparation pour sa fille séduite et abandonnée par le duc de Mantoue. Rigoletto se met alors en tête de protéger sa fille Gilda des prédateurs masculins mais le duc est déjà sur les traces de la jeune femme. Gilda est alors enlevée par des courtisans. Son père qui la retrouve dans les bras du duc jure de se venger et projette de le faire assassiner. Mais Gilda va finalement se sacrifier pour ne pas laisser mourir son amant, la malédiction est accomplie.