Les opposants à la statue du général Bigeard, érigée à Toul, appellent à manifester, samedi 11 janvier, afin d'obtenir le retrait de l'espace public de ce qu'ils considèrent comme le symbole de la réhabilitation du colonialisme et de la torture.
Les pacifistes et opposants à la présence de la statue élevée à la mémoire du général Bigeard à Toul (Meurthe-et-Moselle) ne désarment pas. Ligue des droits de l'Homme, Amnesty International, MRAP, Sud-Solidaires, Unef ou Union Algérienne, une trentaine d'associations, syndicats, collectifs et partis de gauche appellent à une manifestation samedi 11 janvier 2025.
Érigée en toute discrétion à l'initiative de la fondation général Bigeard présidée par sa fille Anne-Marie Quenette, le 24 octobre 2024, square du lieutenant-colonel René Génin, elle ne cesse d'entretenir l'ire des opposants. Ils y voient une célébration du colonialisme et de la torture.
Le général est représenté en tenue de parachutiste dans une attitude martiale. Une représentation qui renvoie aux épisodes les plus sombres de la Guerre d'Algérie, notamment l'utilisation de la torture à l'électricité : "la gégène" et les "crevettes Bigeard", qui désignaient les prisonniers jetés au large depuis un hélicoptère dont les cadavres revenaient s'échouer sur les plages.
Toul ne doit pas devenir la capitale de la torture !
Luc Ferreti, collectif "Histoire et mémoire dans le respect des droits humains"
Le collectif "Histoire et mémoire dans le respect des droits de l'homme" en pointe dans la mobilisation, veut obtenir le retrait de la statue de l'espace public. Luc Ferreti rappelle que la pratique de la torture systématique, avérée par les historiens, assumée par le général Massu et reconnue par le président de la République Emmanuel Macron, sont des arguments suffisants pour faire disparaitre l'effigie en bronze du paysage toulois : "nous n'acceptons pas que Toul devienne la capitale de la torture. Nous refusons que la mairie de Toul participe à la nostalgie du temps des colonies : "la nostalgérie", qu'elle rejoigne les initiatives politiques de Robert Ménard à Béziers, les discours révisionnistes à Lyon, ceux de Le Pen et du RN. C'est cultiver et réhabiliter la politique de colonisation".
Les historiens montent au créneau
Le 26 mars 2024, les deux historiens Alain Ruscio et Fabrice Riceputi spécialistes des guerres coloniales avaient fait le déplacement à Toul pour une conférence sur le rôle de Marcel Bigeard dans la guerre d'Algérie. Ils avaient méticuleusement démonté la figure mythique du général, estimant qu'il avait été "le metteur en scène de sa propre gloire".
Attitude prudente à la mairie
Le maire PS de Toul, Alde Harmand observe, une attitude prudente face à la polémique déclenchée par ce mistigri que constitue la statue de l'enfant du pays qui fût aussi député et ministre : "Je ne me prononce plus là-dessus. Cette installation, c'est la continuité de ce qui a été engagé et décidé par délibération par le conseil municipal. Toul est la ville qui a vu naître le général Bigeard."
Les manifestants ont prévu de se rassembler à 14 h 00 devant la gare de Toul puis de se rendre avenue Général Bigeard afin de la débaptiser et de la renommer avenue des Droits de l'Homme.