Impopularité assumée, confiance renouvelée à Elisabeth Borne, lors de son entretien télévisé Emmanuel Macron, a maintenu que la réforme des retraites devra s’appliquer d’ici la fin de l’année. L'ancien secrétaire d'Etat au Budget de François Hollande et ex-député PS, Christian Eckert, analyse l'entretien de son ex-voisin de Bercy, mercredi 22 mars.
Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi 22 mars 2023, lors d’une interview à la télévision, que sa réforme très contestée des retraites était nécessaire et devait entrer en vigueur d'ici la fin de l'année. Il a ajouté accepter "d'endosser l'impopularité face à la colère de la rue".
Christian Eckert, ex-député de Meurthe-et-Moselle a été membre du Parti socialiste (PS) de 1981 à 2021. En 2014 il est nommé secrétaire d’État auprès du ministre des Finances et des Comptes publics, chargé du Budget. Il a assisté à l'ascension politique d'Emmanuel Macron à l'époque où il était ministre de l'Économie. Joint par téléphone il répond à nos questions.
Le chef de l'Etat souhaite engager le dialogue sur les conditions de travail avec les partenaires sociaux, en évoquant un besoin de justice. Qu'en pensez-vous? "Ça me parait mal engagé. Il ne respecte pas la manifestation de demain par exemple, c'est se moquer du monde. Il a gardé son ton habituel, très solennel. Comme si de rien n'était. C'est quelqu'un qui aime bien provoquer, dominer".
Vous êtes d’accord avec lui lorsqu’il dit qu’il n'y a pas de majorité alternative? "Ce qui frappe c'est son appel à la droite. Mais encore une fois attention nous ne sommes pas à la recherche d'une nouvelle cohabitation. Le but du 49.3 est en général couplé avec un projet de loi. Il n'est pas destiné à mettre en place un nouveau gouvernement. Mais là on le voit clairement il a besoin de la droite".
Ce qui frappe c'est son appel à la droite. Mais encore une fois attention nous ne sommes pas à la recherche d'une nouvelle cohabitation
Christian Eckert, ancien secrétaire d'Etat au Budget
Le chef de l'Etat a regretté que les syndicats n'aient pas présenté de "proposition de compromis" sur le texte. Alors selon vous qu'elle est sa relation avec les syndicats? "N'oublions pas que dès le début de son premier mandat il a commencé à mettre de côté les corps intermédiaires. Et là, il renouvelle cette erreur avec la réforme des retraites. Je pense que les syndicats ont un soutien populaire comme on n’a jamais vu. Ils ne peuvent pas rejoindre Macron. Sinon ce serait considéré comme une trahison".
9e journée de mobilisation
Concernant la position de la CFDT, le secrétaire général Laurent Berger a accusé Emmanuel Macron d'avoir menti dans son interview sur TF1 et France 2 sur la position de la CFDT sur les retraites, "pour masquer son incapacité à trouver une majorité pour voter sa réforme injuste". Jérôme Demangel est le secrétaire général de la CFDT 54. "Demain on sera dans la rue à Nancy. On continue à dire qu'il faut qu'il la retire. C'est une réforme injuste. On ne changera pas d'optique, on est toujours contre le passage à 64 ans".
De nouveaux rassemblements ont été organisés mardi soir contre la réforme dans plusieurs grandes villes françaises, théâtre pour certaines d'entre elles, dont Nancy (Meurthe-et-Moselle), de tensions entre forces de l'ordre et manifestants, "on ne peut accepter ni les factieux, ni les factions", a dit Emmanuel Macron.
Une 9ème journée de mobilisation interprofessionnelle contre la réforme des retraites est prévue jeudi 23 mars.