S'il tend à se réduire, l'écart de salaires entre les femmes et les hommes de la région est toujours flagrant. Selon les derniers chiffres de l'Insee Grand Est, publiés ce jeudi 12 décembre, ce taux s'élevait à 22 % en 2021, deux points de plus qu'à l'échelle nationale.
Un triste record. En 2021, les femmes de la région Grand Est gagnaient près de 22% de moins que les hommes. Au plan national, ce taux s'élevait à 19%. Selon l'institut national de la statistique et des études économiques (Insee), le Grand Est est même la région métropolitaine avec l'écart salarial le plus haut du pays. Ce jeudi 12 décembre 2024, les experts tentent d'expliquer ces inégalités dans une étude intitulée : "Des écarts de salaires entre les femmes et les hommes qui se réduisent, mais qui restent plus prononcés dans le Grand Est".
Le temps partiel très sollicité
Selon l'antenne régionale de l'institut de recherches, cet écart salarial dans le secteur privé s'explique dans un premier temps par une quantité de travail et une durée de contrat inférieure chez les femmes. Elles travaillent davantage en temps partiel que les hommes : cela concerne 12% des salariées contre 5% pour leurs homologues masculins. Il y a d'ailleurs plus de salariés à temps partiel dans la région qu'au plan national. Comme le rappellent les chercheurs, le temps partiel peut être choisi ou subi, et plus il y a d'enfants dans le foyer, plus le temps partiel est utilisé pour les femmes. Une lecture qui ne s'applique pas pour les hommes.
📕 #Publication
— Insee Grand Est (@InseeGrandEst) December 12, 2024
Les #inégalités salariales entre #femmes et #hommes restent fortes en 2021, malgré une baisse au cours des dernières années. Pour en savoir plus sur l'écart des salaires dans le #GrandEst : https://t.co/GWJbsK0rZT pic.twitter.com/EJLJlWZOPW
Pourtant, ce premier argument n'explique pas tout. Le salaire net en équivalent temps plein reste inégalitaire pour les femmes dans le Grand Est. Il est deux points plus élevés que le chiffre national. L'Insee souligne tout de même que cet écart s'est réduit de deux points entre 2018 et 2021. Un deuxième élément de réponse se trouve du côté de la rémunération. Les femmes travaillent davantage pour des emplois avec des rémunérations faibles : 60% des femmes gagnent moins que le salaire médian, alors que c'est la situation de 43% des hommes.
Le secteur de l'industrie pointé du doigt
À l'inverse, plus la qualification demandée est élevée, et donc bien souvent avec un meilleur salaire, moins il y a de femmes. "Ces écarts sont les plus prononcés chez les cadres (-17 %), en raison notamment d’un faible accès des femmes aux fonctions d’encadrement supérieur, plus net dans le secteur privé que dans le public", précise l'étude. Par exemple, l'écart est le plus élevé dans les activités financières, d'assurance et immobilières. Dans la région Grand Est, les métiers du secteur de l'industrie sont plus représentés qu'à l'échelle nationale. Selon les experts, "ces métiers étant peu féminisés et plus rémunérateurs que la moyenne, le secteur de l’industrie contribue à accroître l’écart salarial moyen".
On peut observer le même phénomène avec la taille de l'entreprise, le type de contrat (CDD ou CDI) et l'âge des salariées. En somme, plus une femme est âgée, plus l'écart salarial augmente : il est de 6% pour les moins de 26 ans, et passe à 23% pour les plus de 60 ans. Pour rappel, la loi n° 83-635 du 13 juillet 1983 (dite "loi Roudy"), réaffirme le principe d'égalité dans tout le champ professionnel, que ce soit dans la rémunération, mais aussi le recrutement, la promotion ou la formation.