Dans le Grand Est, un ménage sur huit a recours aux services à la personne. Avec le vieillissement de la population, il y aura davantage d'utilisateurs, selon deux études de l'Insee d'ici 2050. Une évolution qui devra s'accompagner de la création de 16 000 emplois au minimum dans ce secteur déjà en tension.
S'il y a bien un secteur en forte croissance en France, c'est bien celui des services à la personne. Le Grand Est n'échappe pas à cette tendance. Parmi les 2,5 millions ménages qui résident dans la grande région, près de 300 000 sont utilisateurs de ces services d'aide aux personnes âgées ou handicapées, pour les travaux domestiques, la garde d’enfants ou encore le soutien scolaire.
Dans deux études rendues publiques ce mardi 21 janvier 2025, l'Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) prévoit une hausse de cette utilisation d'ici 2050 "si les tendances démographiques et de comportements de cohabitation se poursuivaient". Dans le Grand Est, cela représente 65 000 ménages supplémentaires (+22 %) entre 2018 et 2050, soit 1 900 ménages de plus chaque année. "Le taux de recours aux SAP (1) passerait alors de 12 % en 2018 à 14 % en 2050" révèle l'organisme, en raison notamment du "vieillissement de la population" et "des ménages de plus en plus composés de personnes seules".
On note cependant des disparités entre territoires. Le nombre de ménages utilisateurs de ces services augmenterait "plus fortement dans les départements alsaciens, avec une croissance de 1% chaque année dans le Bas-Rhin et de 0,9 % dans le Haut-Rhin" selon l'Insee. La Moselle serait également concernée par ce phénomène avec 62 000 utilisateurs contre environ 87 000 dans le Bas-Rhin et 58 000 dans le Haut-Rhin. La croissance serait la plus faible en Haute-Marne (0,3 % par an).
Des utilisateurs âgés de 80 ans ou plus
Dans la région comme en France, la population est vieillissante. "12 % des habitants auraient 80 ans ou plus en 2050, soit deux fois plus qu’en 2018" constate l'Insee, "or, les ménages les plus âgés sont ceux qui ont le plus recours aux services à la personne : en 2050, les ménages de 80 ans ou plus représenteraient la moitié des utilisateurs". Leur nombre passerait de près de 89 000 en 2018 à plus de 160 000 en 2050, soit une augmentation de 81 %. "La demande de SAP progresserait de 20 % chez les personnes de 65 à 79 ans. À l’inverse, le recours diminuerait chez les autres tranches d’âge et surtout chez les plus jeunes : le nombre de ménages de 35 ans ou moins utilisateurs de SAP baisserait de 23% entre 2018 et 2050".
16 000 emplois nécessaires
88 000 en 2050 dans le secteur, soit 16 000 de plus qu’en 2018, c'est le nombre de salariés nécessaire estimé par l'Insee pour répondre à la demande. "Ce chiffre est probablement une estimation basse de ce que pourrait être la réalité, puisque le vieillissement de la population induirait un nombre plus élevé de personnes âgées faisant appel aux SAP en 2050. En outre, les ménages les plus âgés sont aussi ceux qui utilisent en moyenne le plus d’heures de SAP" écrit l'Institut national de la statistique et des études économiques, "ainsi, une grande partie des emplois supplémentaires seraient dédiés à l’assistance et l’accompagnement des personnes âgées ou dépendantes. De plus, six salariés des SAP sur dix sont âgés de 45 à 64 ans en 2019. À moyen terme, les départs à la retraite seront nombreux, augmentant les enjeux de recrutement et de formation, dans un secteur qui souffre actuellement d’une faible attractivité".
Avec un ménage sur huit, le Grand Est fait partie des régions qui utilisent moins les SAP qu’en France de province ou qu’en Île-de-France (14% et 13,3%). Sans surprise, l’utilisation des services à la personne augmente avec le niveau de vie. 34% des ménages les plus aisés (soit 36 900 euros de revenus par an) ont recours aux SAP contre 3% seulement des plus modestes (11 700 euos par an).
Dans le Grand Est, la moitié des ménages utilisateurs ont dépensé plus de 1 260 euros en 2019 pour les services à la personne.
(1) Services à la personne