Dédié à la mémoire ouvrière de ceux qui ont travaillé dans les mines de fer de Lorraine, le musée de Neufchef rappelle le rôle joué par les étrangers. De 1915 à 1918, des prisonniers russes sont engagés massivement. Un épisode méconnu de la Grande Guerre.
Lorsque la guerre éclate, le départ massif des travailleurs italiens entraîne une baisse de près de 50% de la production des mines de fer de Lorraine. Pour faire face à cette pénurie, les autorités militaires allemandes décident, début 1915, de faire appel à une main d’œuvre forcée : celle des prisonniers de guerre. Les dizaines de milliers de soldats russes capturés chaque mois sur le front Est semblent constituer une réserve inépuisable. Au printemps 1915, les premiers convois de prisonniers arrivent en Lorraine. Ils vont très rapidement représenter 30% de la main d’œuvre, soit trois fois plus que dans le reste du Reich.
Encadré par des mineurs qualifiés, les Russes travaillent dix heures par jour. En plus des difficiles conditions de travail, ils sont parfois victimes de brimades. La vie dans les camps n'arrange rien. Pénurie alimentaire et absence de chauffage épuisent un peu plus ces hommes, particulièrement avec le rigoureux hiver 1916-1917 qui entraîne une vague de décès. Au printemps, la moitié des Russes n'est plus en état de travailler.
L'appoint apporté par les Russes est considérable. En 1916 et 1917, les mines de Lorraine retrouvent leur niveau de production de 1914. Mais l'arrêt des hostilités entre l'Allemagne et la Russie soviétique entraîne le départ de ces prisonniers au printemps 1918. Une perte soudaine d'effectifs qui ne permet plus de répondre aux demandes en minerai de l'industrie allemande.
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