Agriculture : "c’est une histoire d’hommes, pas d’idées", deux listes issues du syndicat majoritaire s’affrontent pour les élections à la chambre

En Moselle, deux listes comprenant chacune des membres du syndicat majoritaire s’étaient déjà affrontées pour les élections à la chambre d’agriculture. En 2019 déjà, une liste "Territoires et filières", s’était opposée à celle de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA). Les dissidents l’avaient emporté d’un fil, mais pour cette nouvelle élection, les jeux paraissent plus ouverts.

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Une cinquantaine de voix, c’était l’écart en 2019. Les candidats "Territoires et filières", emmenés par Xavier Lerond avaient remporté l’élection et pris la majorité, grâce au mode de scrutin. Avec 35%, la liste arrivée en tête avait automatiquement remporté la moitié des sièges, le reste étant pourvu à la proportionnelle.

En Lorraine, la FDSEA avait l’habitude de tout rafler. En 2019, grain de sable : deux listes issues du syndicat majoritaire s’affrontent en Moselle, et c’est la liste dissidente qui l’emporte, avec douze sièges dans le collège 1, celui des exploitants. La liste officielle ne prend que trois sièges. Ce résultat crée un précédent unique en France ou presque : une liste dissidente de la FDSEA prend le pouvoir. Les élus mosellans tentent de corriger cette bizarrerie fin 2024 et de retrouver l’union sacrée. Choux blanc.

Julien Viville, président des Jeunes agriculteurs (JA) de Moselle, syndicat allié à la FDSEA, confirme que "les négociations avec les représentants de la liste sortante ont duré deux mois, mais elles ont échoué, et ce n’est pas de notre fait".

Selon lui, c’est la présence sur la liste commune de Gilles Becker, président de la Société d'aménagement foncier et d'établissement rural du Grand Est (SAFER), qui a entraîné le clash. Les sortants n’en voudraient pas, et Xavier Lerond, président de la Chambre, a jeté l’éponge. "On n’est même pas venu au débat d’idées" regrette Julien Viville, "c’est une histoire de noms qui les a fait quitter la table". La tête de liste FDSEA en Moselle affirme que son programme est celui porté par son organisation au niveau national.

Du côté des sortants, la version diverge radicalement. Stéphane Ermann, actuel vice-président de la Chambre, conduira la liste ex-dissidente aux côtés d’Estelle Pochat. L’éleveur refuse qu’on considère sa liste comme issue du syndicat majoritaire : "nous sommes sans étiquette, ce n’est pas pareil".

Il reconnaît la présence sur sa liste de plusieurs candidats avec des mandats FDSEA ou JA, "mais c’est le projet qui prime". Stéphane Ermann défend la mandature passée, et les résultats obtenus : "nous avons développé la filière viticole et obtenu une appellation d’origine contrôlée (AOC), nous avons obtenu le label rouge pour nos abattoirs, nous avons développé le lait de chèvre qui représente 3 millions de litres par an".

Le candidat confirme que des négociations ont eu lieu, et ont échoué : "Xavier Lerond a tout tenté pour réunir la famille, mais ça n’a pas fonctionné malgré ses efforts. Personne ne voulait chez nous d’un mariage forcé".

De la fébrilité dans les deux camps

Aucune des deux listes n’affiche ouvertement sa confiance. Chacun sait que le faible écart de 2019 peut faire basculer le scrutin d’un côté ou de l’autre. Conséquence : les deux battent la campagne et multiplient les réunions publiques. "Le mécontentement d’une partie des agriculteurs en 2019 face à la liste FDSEA sortante a joué en faveur des dissidents mais ils n’ont plus forcément les troupes et les soutiens qu’ils avaient" estime un bon connaisseur du monde agricole mosellan.

En 2019, les victimes collatérales de l’affrontement fratricide avaient été les deux autres listes, celles de la Coordination rurale et de la Confédération paysanne. Leurs scores avaient baissé, et ils avaient perdu du terrain, et même un siège pour ces derniers. En 2013, la liste FDSEA/JA avait récolté 60% des voix et 17 sièges dans le collègue 1.

Est-ce que la Coordination rurale, forte son irruption médiatique nationale, peut espérer bousculer l’une ou l’autre des listes issues du syndicat majoritaire ? "La probabilité existe, mais elle est faible" confirme cet expert, "en Moselle, elle n’a jamais été présente dans les manifestations de janvier 2024… C’est la participation qui décidera du résultat". Le scrutin, électronique et par correspondance, se poursuit jusqu’au 31 janvier 2025. Les résultats devraient être connus le 7 février au plus tôt.

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