En Syrie, la chute historique du régime plonge le pays dans l'inconnu. Quel avenir attend le pays ? Nous avons posé trois questions au Messin Raphaël Pitti, médecin anesthésiste-réanimateur, professeur de médecine d'urgence et de catastrophe, pour comprendre la situation.
Le Messin Raphaël Pitti, médecin anesthésiste-réanimateur, professeur de médecine d'urgence et de catastrophe, est rentré de Syrie il y a quelques semaines. Avec un médecin de Bar-le-Duc, le docteur Hassan El-Abdullah, président fondateur de l'association SOS Syrie, il a mis en place un centre de formation médical à la frontière jordanienne. De retour de Malte, lundi 9 décembre 2024, il répond à nos questions.
1 Que va-t-il se passer maintenant en Syrie ?
Il faut faire attention aux réfugiés qui rentrent du Liban. Ils sont au moins un million. Qui va s’occuper d’eux ? Qui va les nourrir ? Les accueillir ? L'Allemagne compte environ un million de Syriens. La Turquie trois millions. Car nous sommes sans repère avec cette nouvelle coalition. Il faut maintenant éviter le chaos. L’enjeu, c'est l’avenir immédiat. On n'a pas le temps d'attendre.
Il ne faut pas décevoir la population syrienne. On ne pas connait pas ce nouveau pouvoir qui vient d’arriver
Raphaël Pitti, médecin humanitaire
2 Qui sont les rebelles du HTC ?
Hayat Tahrir al-Cham (HTC) est l'ancienne branche syrienne d'Al-Qaïda. Avec tous les défis, il ne faut pas décevoir la population syrienne. On ne connait pas ce nouveau pouvoir qui vient d’arriver. Il faut repartir de zéro. Économie, santé, accueil des réfugiés... [À la tête de cette organisation il y a Abou Mohammad al-Jolani. Il s'était fixé comme objectif de renverser le président Assad, au pouvoir depuis 2000.]
3 Quelle suite pour la Syrie ?
Pour la population syrienne, la chute de Bachar al-Assad est un énorme soulagement. C’est un tyran éliminé, et son départ est bien sûr une bonne nouvelle. Aujourd’hui, le pays est complètement effondré. Ruiné. Il n’y a plus rien.
Âgé de 74 ans, Raphaël Pitti travaille régulièrement depuis plus de dix ans sur les zones de conflits. Il a prévu de se rendre en Syrie au mois de janvier, "si la situation le permet".