Supprimer sans délai les contrôles fixes aux frontières ou encore mettre en place une stratégie de sécurité n’entravant pas liens entre les citoyens et les entreprises de part et d'autre de la frontière, deux souhaits de la part de nombreux élus en Moselle et en Sarre. Ils redoutent un prolongement des contrôles aux frontières entre la France et l'Allemagne au-delà de l'échéance prévue en mars 2025.
Septembre 2024, l’Allemagne décide de réinstaurer un contrôle aux frontières pour une durée de six mois. La mesure concerne les usagers provenant d’Autriche, de Belgique, du Danemark, du Luxembourg, des Pays-Bas, de la Pologne, de la République tchèque, de la Suisse et de la France. L’objectif affiché est de lutter contre l’immigration clandestine dans un contexte émotionnel fort : un attentat au couteau perpétré le 23 août à Solingen par un réfugié syrien de 26 ans, dont la demande d’asile devait être initialement traitée par la Bulgarie, le pays d’origine par lequel il était entré dans l’espace Schengen. Revendiqué par l’État islamiste, l’acte terroriste avait fait trois victimes.
Ces contrôles perturbent grandement la vie quotidienne de nos concitoyens
Eurodistrict SaarMoselle
Ces contrôles sont source de désagréments pour les frontaliers bloqués dans les embouteillages, notamment en Pologne, Luxembourg et France. "Ils pèsent lourdement sur le quotidien de dizaines de milliers de travailleurs frontaliers" rappelle l'Eurodistrict SaarMoselle dans une résolution adoptée le 29 janvier 2025, "la mobilité transfrontalière et les interactions économiques, culturelles et sociales sont ici plus importantes que nulle part ailleurs... Ces contrôles perturbent grandement la vie quotidienne de nos concitoyens et ont un impact considérable sur l'activité économique des entreprises de notre région. Le rétablissement de postes de contrôle fixes aux frontières est une mesure jugée inefficace et obsolète".
Pour les élus de l’Eurodistrict SaarMoselle, dont Marc Zingraff, le maire de Sarreguemines, "les vérifications aléatoires exercées aux points de passage fixes pourraient être tout aussi efficaces si elles étaient menées dans l'arrière-pays, par des unités de contrôle flexibles et mobiles. Par ailleurs, cette pratique incite les criminels à modifier leurs itinéraires afin de contourner les postes de contrôle. Un système de sécurité moderne devrait reposer sur une coopération efficace et une technologie intelligente plutôt que sur des mesures statiques. Il importe de s'attaquer aux causes de l'immigration clandestine et de la criminalité transfrontalière".
Ces mesures de contrôles frontières ne doivent pas aller à l’encontre de l’esprit d’unité et de coopération qui caractérise et fait la force de notre région transfrontalière, ainsi que de l’Europe dans son ensemble
Marc Zingraff, maire de Sarreguemines
Supprimer sans délai les contrôles fixes aux frontières est la préconisation phare pour le Président de l’Eurodistrict SaarMoselle, Marc Zingraff : "la région frontalière est un modèle en matière de coopération franco-allemande et ces mesures de contrôles frontières ne doivent pas aller à l’encontre de l’esprit d’unité et de coopération qui caractérise et fait la force de notre région transfrontalière, ainsi que de l’Europe dans son ensemble".
Des mesures prolongées ?
Le gouvernement allemand, qui joue son avenir lors des élections de février 2025, avait annoncé vouloir prolonger les contrôles aux frontières du pays au-delà de l'échéance prévue de mars, faisant valoir des succès contre l'immigration illégale. 1.800 passeurs arrêtés et environ 40.000 personnes refoulées aux frontières, selon la ministre de l'Intérieur, Nancy Faeser.
La Commission européenne avait alors rappelé que des mesures de ce type "doivent rester strictement exceptionnelles" et plaidé pour qu'elles soient "proportionnées". En principe, de tels contrôles aux frontières intérieures sont proscrits au sein de l'espace Schengen, mais en cas de menaces pour l'ordre public ou la sécurité, ils sont possibles pour une durée de six mois, avec prolongation pour une durée totale n'excédant pas deux ans.