Ce mardi 10 décembre s’ouvre devant la cour d'assises de Metz, en Moselle le procès d’un homme de 26 ans, accusé d'avoir assassiné sa compagne devant leur enfant. Ce meurtre avait suscité une polémique concernant l'intervention de la justice et de la police.
Dans la nuit du 23 au 24 mai 2021, une violente dispute éclate entre l'accusé, Liridon Berisa et la victime à leur domicile de Hayange, en Moselle. Stéphanie, âgée de 22 ans, parvient à s'échapper par la fenêtre, affaiblie et ensanglantée.
Plusieurs témoins la voient courir vers le poste de police situé à 40 mètres de là, mais celui-ci est fermé. L'accusé, qui avait retiré son bracelet électronique la veille sans déclencher l'alarme, la rattrape dans la rue et lui assène plusieurs coups de couteau devant des voisins et sous les yeux de leur fille de 3 ans. Il jette ensuite dans une poubelle son arme de 25 centimètres et s'enfuit.
À leur arrivée, les secours constatent que Stéphanie gît dans une mare de sang. "Dix plaies par arme tranchante et coupante" sont constatées, dont "cinq plaies profondes dans la région cervicale".
"Violent, alcoolique et jaloux"
Les forces de l'ordre sont intervenues dix fois au domicile du couple, entre janvier 2018 et novembre 2020. Stéphanie souhaitait quitter son compagnon, décrit par des témoins comme "extrêmement violent, alcoolique et jaloux". En novembre 2020, elle avait porté plainte contre lui, mais celle-ci n'aurait pas été transmise au parquet.
Le procureur de la République de Metz, avait nié tout "dysfonctionnement des services judiciaires" au lendemain du drame, tout en reconnaissant que "dans un monde idéal", les plaintes de la victime contre son conjoint violent auraient dû être signalées au parquet.
Une mission d'inspection avait été lancée par les ministres Gérald Darmanin (Intérieur), Eric Dupond-Moretti (Justice) et Marlène Schiappa (Citoyenneté). Dans ses conclusions, rendues quelques semaines plus tard, la mission n'avait relevé "aucun manquement professionnel dans les décisions prises avant le meurtre, tous les intervenants s'étant mobilisés normalement dans le cadre de leurs compétences".
"L'attitude souvent déroutante de ce couple, avec des confrontations suivies parfois de réconciliations, a pu conduire à une banalisation de cette situation par les services de police", était-il écrit.
"Dysfonctionnement" du bracelet électronique
Une voisine du couple sera également jugée pour "soustraction d'un criminel à l'arrestation ou aux recherches". L'homme avait été retrouvé chez elle le lendemain des faits. Elle le considérait comme "son petit voisin" plutôt que comme un meurtrier.
Selon plusieurs témoignages, elle entretenait une "relation particulière avec l'accusé"
Réfugié politique d'origine serbe, l'accusé avait déjà été condamné à un an de prison pour divers délits routiers. Il avait bénéficié d'un aménagement de peine et d'un placement en détention à domicile sous surveillance électronique avec bracelet le 12 mai 2021, quelques jours avant les faits.
Selon le rapport d'inspection, le bracelet électronique avait souffert d'un "dysfonctionnement inexpliqué" : bien qu'arraché, il n'avait déclenché "aucune alarme au centre de surveillance".
Liridon Berisa risque cette fois la perpétuité. Le verdict est attendu vendredi.