"Je suis convaincu de son innocence", condamné à mort en Indonésie, Serge Atlaoui revient en France après 19 ans de prison

Condamné à mort en Indonésie pour trafic de drogue, Serge Atlaoui rentre en France ce mercredi 5 février après 19 ans de détention. Ce retour, rendu possible par un accord humanitaire entre les deux pays, marque une étape cruciale dans le combat mené par les militants abolitionnistes et son avocat qui plaidera son innocence. Il sera remis à la justice française à son arrivée.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Serge Atlaoui, après avoir passé près de 20 ans en prison en Indonésie et avoir été condamné à mort pour trafic de drogue, rentre en France. Il embarquera ce mardi 4 février à bord de l’avion qui le ramènera à Paris.

L’arrivée est prévue mercredi 5 février, matin. "Nous sommes soulagés et satisfaits que toutes ces années de combat militant auprès des institutions du pays et du public indonésien payent", nous déclare Raphaël Chenuil-Hazan, directeur général de l’association Ensemble contre la peine de mort (ECPM) qui lutte pour l'abolition universelle de la peine de mort.

Raphaël Chenuil-Hazan a rencontré Serge Atlaoui à plusieurs reprises et lui parle régulièrement au téléphone. "Je n’y croirai que lorsque j'aurai mis les pieds sur le sol français.", lui a-t-il confié il y a quelques jours. 

Sabine Atlaoui, son épouse a posté sur son compte Facebook, l'image d'un avion au décollage.

Procédure judiciaire en France

Le Français sera pris en charge par des policiers français. "Les autorités indonésiennes vont remettre Serge Atlaoui à leurs homologues français sur place en Indonésie. Il n’a pas été gracié. La peine de mort a été commuée et il y a eu un accord de transfert entre l’Indonésie et la France. À notre connaissance, ce sera à la justice française de décider de la suite", explique le directeur général de ECPM.

À son arrivée en France, "il sera conduit à Bobigny où il sera présenté au parquet. Ensuite, il sera placé en détention" explique son avocat Richard Sédillot. "J'espère obtenir une adaptation de la peine, qui permettra qu'il puisse sortir le plus rapidement possible." L'avocat précise qu'il ne connaît pas encore la juridiction qui sera saisie. Il ne sait rien non plus du lieu de détention où sera envoyé son client. "J'ai l'intention de me battre pour qu'il puisse sortir le plus rapidement possible. Je vais expliquer que je suis intimement convaincu de son innocence. Les conditions dans lesquelles il a été jugé, ainsi que la durée de la peine effectuée, sont beaucoup d'arguments qui militent en faveur d'une adaptation, qui permettra sa sortie très rapide."

L'avocat souhaite que Serge Atlaoui puisse voir un médecin dès son arrivée en France.

Un accord humanitaire entre la France et l'Indonésie

Demandé officiellement le 4 novembre par la France dans une lettre du ministre de la Justice, le retour de M. Atlaoui a été rendu possible par la signature d'un accord le 24 janvier entre Gérald Darmanin, le garde des Sceaux et Yusril Ihza Mahendra, ministre indonésien en charge des Affaires juridiques et des droits humains.

Dans cet accord, Jakarta explique avoir décidé de "ne pas exécuter" le prisonnier et d'autoriser son retour pour "raisons humanitaires" car "il est malade". M. Atlaoui a en effet suivi chaque semaine un traitement, ces derniers temps, dans un hôpital proche de sa prison.

Une condamnation à mort

Serge Atlaoui avait été arrêté en 2005 dans une usine, dans laquelle des dizaines kilos de drogue avaient été trouvés, en banlieue de Jakarta. Les autorités du pays l'avaient accusé d'être un "chimiste". Artisan soudeur, père de quatre enfants, il s'est toujours défendu d'être un trafiquant de drogue, affirmant "qu'il n'avait fait qu'installer des machines industrielles dans ce qu'il croyait être une usine d'acrylique".

Initialement condamné à la prison à vie, il avait vu la Cour suprême alourdir la sentence et le condamner à la peine capitale en appel. Il devait être exécuté aux côtés de huit autres condamnés en 2015, mais a obtenu un sursis après que Paris a intensifié la pression, les autorités indonésiennes ayant accepté de laisser un appel en suspens suivre son cours.

L'Indonésie compte actuellement au moins 530 condamnés dans le couloir de la mort, selon l'association de défense des droits Kontras, citant des données officielles. Il reste quatre Français condamnés à mort dans le monde en Chine, au Maroc et en Algérie, selon l’association "Ensemble contre la peine de mort".

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information