Un policier de Moselle se serait donné la mort vendredi 31 janvier après avoir tué ses deux parents avec son arme de service. Une enquête est en cours pour comprendre les circonstances de ce drame. Ses collègues très choqués parlent d'un homme discret et sans histoire, proche de ses parents.
Après l'annonce du drame familial qui s'est noué à Retonfey en Moselle vendredi 31 janvier 2025, la communauté policière du département est sous le choc. Car c'est bien l'un des leurs qui se serait suicidé après avoir ôté la vie de sa mère, gravement malade, mais aussi de son père avec son arme de service. Les deux hommes ont-ils passé un pacte funeste ? Des écrits allant dans ce sens, ont en tout cas été laissés sur les lieux du drame.
C'est très compliqué pour les collègues les plus proches qui ont l'impression d'être passés à côté de quelque chose
Fabrice Marseu, délégué départemental UN1TE
Depuis 24 heures, Fabrice Marseu, délégué départemental du syndicat UN1TE (anciennement SGP Police FO) est submergé par les coups de fil de collègues : "les premières heures, on m'appelait pour savoir si c'était vrai, cela paraissait tellement fou. Dans ces cas-là, les policiers ont plus le réflexe d'appeler leur syndicat qu'un psychologue. Le choc est énorme et l'incompréhension aussi. C'est très compliqué pour les collègues les plus proches qui ont l'impression d'être passés à côté de quelque chose. C'était quelqu'un de réservé, qui vivait avec ses parents dont il était très proche mais personne ne pensait qu'il allait mal ou qu'il pouvait commettre un tel acte. S'il y avait eu un doute, il aurait d'ailleurs été désarmé."
Une vive émotion partagée par Isabelle Sire-Ferry, directrice départementale de la sécurité publique de Moselle, contactée ce dimanche par téléphone :
"C'est un drame qui nous touche personnellement, c'est un policier qui travaillait à Metz. Il y a évidemment une grande émotion chez les policiers qui le connaissaient mais aussi chez les autres, il y a une solidarité et une cohésion qui s'exprime."
Un policier discret
Le policier travaillait au centre d'information et de commandement de Metz, un poste stratégique, il était donc connu de nombreux collègues.
"Il travaillait en Moselle depuis vingt ans, il était expérimenté et il avait un déroulement de carrière classique. Il avait commencé sa carrière en Seine-Saint-Denis avant de demander son retour en Moselle dont il était originaire. C'était un policier discret qui ne parlait pas de sa vie privée, rien n'avait été repéré par ses collègues et sa hiérarchie" explique Isabelle Sire-Ferry, "je tiens à exprimer toute ma solidarité avec la famille et les collègues policiers qui sont très émus de cette situation".
Des zones d'ombre
David Ghisleri, délégué régional Lorraine Alliance police nationale, est, lui aussi, sonné : "perdre un collègue, c'est déjà tragique mais dans ces circonstances-là, c'est terrible. Après il faut laisser l'enquête avancer. Même si tout se présente comme un drame familial, il faut voir dans quel ordre se sont déroulés les tirs. Le père était un ancien gendarme, habitué au maniement des armes. Il faudra voir qui a la poudre sur ses mains pour déterminer qui a tiré et s’il y a vraiment eu un pacte entre eux."
Le syndicaliste aussi nous parle de cette culpabilité qui ronge déjà les collègues et l'absence de signes avant-coureurs. :
"C'est un métier difficile où il y a peu de place pour la décompression. On voit souvent les policiers comme des super-héros mais ils ont aussi leurs failles et avec une situation familiale compliquée, on peut vite entrer dans une spirale négative."
Une cellule d'écoute renforcée a été mise en place. Des psychologues spécialisés qui vont rencontrer en premier lieu les collègues de travail du policier qui ont été particulièrement impactés. L'enquête a été confiée à la brigade de recherche de la gendarmerie de Moselle.