Le Français Serge Atlaoui a quitté ce mardi 4 février 2024 l’Indonésie après 19 ans de prison. Arrêté en 2005 dans une usine où de la drogue avait été découverte et accusé d’être un "chimiste", il avait ensuite été condamné à mort. Sa femme, Sabine, revient pour France 3 Lorraine sur ce long combat et le soulagement de ce retour en France.
Serge Atlaoui, un Français de 61 ans condamné à mort en Indonésie en 2007 pour trafic de drogue, s'est envolé pour Paris en espérant recouvrer la liberté après 19 ans de prison. Escorté par trois policiers français, il atterrira à Paris mercredi 5 février au matin. "Je ne tiens plus", a réagi au micro de France 3 Lorraine, Sabine, sa femme. "J'ai fait ce que je pouvais mais si je réfléchis, je me dis que j'ai fait beaucoup quand même".
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Je souhaite qu'on se reconstruise et qu'on réapprenne à se connaître dans un quotidien normal
Sabine Atlaoui
Pour sa femme, ce retour est synonyme d'immense soulagement. La fin de 19 longues années d'attente et de peur. "Serge a subi l'incarcération, c'était l'enfer", explique-t-elle, "on a des traumatismes et des blessures, c'est certain. Il faut se reconstruire sur de nouvelles bases. On n'est plus les mêmes qu'avant. Ça se fera étape par étape. On fera les choses ensemble. Tout ce qu'on veut, c'est une vie normale. Je souhaite qu'on se reconstruise et qu'on réapprenne à se connaître dans un quotidien normal. Je remercie tous nos soutiens, c'est la victoire de tous."
Depuis le 11 novembre 2005, jour de son interpellation près de Jakarta, le Français rêve de cette journée, "sans avoir jamais perdu l'espoir", selon une source proche. Après son arrivée à l'aéroport de Roissy, il sera conduit au tribunal de Bobigny, en région parisienne, "pour être présenté au procureur qui lui notifiera son incarcération", avant d'être "conduit directement dans un établissement pénitentiaire", a indiqué à l'AFP le parquet.
Un retour pour raisons humanitaires
Demandé officiellement le 4 novembre par la France, son retour a été rendu possible par la signature d'un accord le 24 janvier entre les ministres français de la Justice Gérald Darmanin et indonésien Yusril Ihza Mahendra. Dans cet accord, Jakarta explique avoir décidé de "ne pas exécuter" le prisonnier et d'autoriser son retour pour "raisons humanitaires" car "il est malade". M. Atlaoui a suivi chaque semaine un traitement, ces derniers temps, dans un hôpital proche de sa prison. "Le retour de Serge Atlaoui en France est un énorme soulagement pour ECPM et toute la communauté abolitionniste", a commenté Raphaël Chenuil-Hazan, directeur général de l'association française Ensemble contre la peine de mort (ECPM), qui le soutient depuis de nombreuses années. Cette issue favorable "est une source d'inspiration et nous invite à poursuivre notre combat pour les milliers de personnes qui se trouvent toujours dans les couloirs de la mort à travers le monde. Cette libération est une lueur d'espoir", a-t-il ajouté.
Serge Atlaoui avait été arrêté en 2005 dans une usine où des dizaines de kilos de drogue avaient été découverts et les autorités l'avaient accusé d'être un "chimiste". Venu de Metz, cet artisan soudeur, père de quatre enfants, s'est toujours défendu d'être un trafiquant de drogue, affirmant qu'il n'avait fait qu'installer des machines industrielles dans ce qu'il croyait être une usine d'acrylique. Initialement condamné à la prison à vie, il avait vu la Cour suprême alourdir la sentence et le condamner à la peine capitale en appel. Il devait être exécuté aux côtés de huit autres condamnés en 2015, mais a obtenu un sursis après que Paris a intensifié la pression. L'affaire avait fait grand bruit en Indonésie, où la législation antidrogue est l'une des plus sévères du monde.