Les scieries spécialisées dans le chêne sont menacées par le manque de matière première. Ces arbres centenaires partent directement vers la Chine, très gros fabricant de parquets. Résultat: une quinzaine de scieries alsaciennes a fermé ses portes ces dix dernières années.
Très recherché pour la fabrication de meubles, de menuiseries extérieures, de placages et de parquets, le bois de chêne est également utilisé pour la tonnellerie. Présent sur 55 000 hectares en Alsace, le chêne ne manque pas mais, depuis quelques années, il fait cruellement défaut aux scieries alsaciennes. En cause: le marché chinois très friand du chêne alsacien.
Très gros fabricant de parquets, la Chine tire les ficelles des négociations. Leurs traders font grimper les prix de 20 à 30%. Un mètre cube peut ainsi se vendre à 900 euros; impossible de suivre pour les scieries alsaciennes. Une quinzaine d'entre elles a fermé en 10 ans.
Trendel: dernier scieur de chêne d'Alsace
Il est le troisième d'une génération de scieur de chêne: Michel Trendel est aujourd'hui le seul à être encore en activité dans la région. Ses réserves de chêne sont vides à 80%. Faute de matière première, les salariés tournent au ralenti. Lui, qui fêtait il y a quelques jours le centenaire de son entreprise familiale, déplore la situation: "C'est difficile par manque de bois. En 20 ou 30 ans, je n'ai jamais vu ça. Ce sont des emplois, un outil de travail qui disparaît petit à petit".
Mechler, l'ancien fleuron, forcé de se reconvertir
Face à la concurrence du marché chinois qui aspire 350 000 mètres cubes de chêne chaque année, Mechler a stoppé ses machines il y a 3 ans, bien obligé de trouver un autre créneau. Il trouve sa planche de salut dans le négoce de bois prédécoupé afin de ne plus être dépendant. De la trentaine de salariés, il en reste aujourd'hui quatre fois moins. Michel Hepp, le directeur de l'entreprise, précise: "on fait pour un tiers de l'achat de grumes qu'on fait scier à l'extérieur et pour les deux tiers restant, du négoce. On réalise 40% de notre chiffre d'affaire à l'export en Allemagne, le reste est occupé par le marché français".