Anna à Lens (Pas-de-Calais) et Thomas à Rupt-sur-Moselle (Vosges) se sont lancés dans un projet de relocalisation d'usines de textile pour fabriquer des jeans. Pour la marque 1083, entièrement made in France. De l'étoffe des héros.
Parce que c'est leur projet : Anna dans les Hauts-de-France et Thomas, dans le Grand Est, se sont lancés à corps perdu dans la relocalisation d'usines textile. Réimplanter, dans des régions où le savoir-faire existait, des usines de tissage et de confection de jeans pour la marque 1083. Un vrai défi pour ces jeunes gens motivés.
La réalisatrice Anne Gintzburger les a suivis tout au long du processus de création de leurs ateliers à Lens et à Rupt-sur-Moselle. Voici trois bonnes raisons de voir "Renaissances", un stimulant documentaire. Le replay à retrouver un peu plus bas.
1. Parce qu'ensemble on est plus forts
Thomas Huriez est le fondateur de la marque de jeans 1083. Son pari : reconstituer la filière textile en France de la filature du coton jusqu'à la production de jeans, le tout dans une démarche écoresponsable. Et au plus près de tous les territoires français. Une utopie ? Pas du tout selon le jeune entrepreneur : "Pour moi, relocaliser, c'est pas du tout une utopie; ce sont des projets que l'on porte ensemble." Car si son projet initial était de confectionner des jeans made in France, il a fallu vite s'entourer de fournisseurs, puis en sauver certains de la faillite et enfin s'associer à d'autres ateliers pour fournir les commandes.
C'est ainsi qu'il accepte d'aider Anna dans son projet de création d'un atelier de confection de jean à Lens. Une manière de commencer à couvrir le territoire. "Son atelier [celui d'Anna, ndlr] est dans les Haut-de-France, c'est un bassin historique du textile et du jean en France. Comme on a la vocation de se développer un peu partout en France pour être au plus près des consommateurs, et qu'on n'avait pas encore de projet sur Lens, ça m'a paru hyper aligné : son emplacement, son projet et nos besoins."
Ça m'a paru hyper aligné : son emplacement, son projet et nos besoins.
Thomas Huriez, fondateur des Jeans 1083
Ce à quoi Anna répond : "Travailler ensemble en France, c'est l'idée qu'ensemble, on est plus forts. On a tous besoin de se serrer les coudes pour que ça puisse profiter à tous." "Oui, enchaîne Thomas, le projet aventure collective ; ça nous engage les uns avec les autres ; on pédale tous ensemble et ça va de plus en plus vite ; maintenant je ne pédale plus, mais il faut que j'apprenne à bien tenir le volant, car on va plus vite."
2. Parce qu'il y a de l'envie et de la fierté dans l'air
Relocaliser l'usine de textile qui a fermé quand elle avait sept ans, c'est l'envie d'Anna. Relancer la fabrication des jeans en France, c'est celle de Thomas. Elle le dit "Cette aventure va créer de l'emploi, c'est quelque chose dont je suis fière, de pouvoir à ma petite échelle, j'ai aidé des personnes à trouver du travail".
Leur esprit d'entreprendre, leur vision entraîne derrière eux le même enthousiasme et la même envie chez les personnes qui les rejoignent. Fournisseurs, gérants, formateurs et ouvriers. Les mêmes mots ressortent dans toutes les bouches. Nathalie, future couturière, déclare "C'était encourageant ce projet; ça m'a reboostée." Amandine retrouve du peps après des années d'inactivité : "maintenant j'ai la fierté de dire je suis couturière, je bosse chez 1083."
Un enthousiasme communicatif, naissant de l'impression commune d'appartenir à un projet plus vaste qu'eux, qui peut susciter l'admiration, que Nathalie traduit par : "ce sera nous qui l'aurons fait". Chaque maillon de cette chaîne convaincu de l'importance de chacun. dans l'attente du moment crucial : "ce sera tellement chouette ; on sera tellement fiers collectivement, quand on va sortir les premières productions", ajoute Claudine, la formatrice en couture.
3. Enfin parce que le projet est équitable et éco responsable
C'est comme si les valeurs positives ne venaient jamais seules. Relocaliser, c'est redonner confiance au gens et à leurs savoir-faire qui avaient disparus. C'est redonner la fierté à des régions qu'on appelle trop souvent "sinistrées". Mais quand, à cela, vient s'ajouter un projet équitable et écoresponsable, il y a de quoi tirer son chapeau.
Thomas, l'initiateur de tout ce remue-tissage l'affirme : "la promesse c'est pas des super salaires, la promesse, c'est l'équité." Et lorsqu'on apprend que ce super patron se verse un salaire de 2.600 euros par mois, on se dit qu'il fait mieux que ce que proposent toutes les théories les plus extrêmes en matière d'écart salarial. "Ici, le partage des richesses profite aux ouvriers"
"On veut de l'affect avec les gens, on veut la richesse, mais le troisième pilier, c'est l'environnement." Une fois de plus, Anna est raccord : "on ne peut pas ignorer les alertes climatiques, ni les alertes sociétales; on est dans une transition; si tout le monde ferme les yeux, c'est sûr que ça ne marchera pas."
Avec Thomas, Anna, Pierre-Antoine, Elsa, Philippe, Amandine, Nathalie, Charlène, Hélène, Claudine et les autres, on est sûr que les yeux resteront bien ouverts. Avec, à la clé peut-être, un jean français zéro kilomètre.