Les naufragés de la route entre résignation et rébellion

Les automobilistes mettent en cause les autorités en estimant qu'elles ont tardé à réagir.

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"Au bout de deux jours ils arrivent quand même, mieux vaut tard que jamais !", philosophait mercredi à l'arrivée des pompiers, Frédéric Fournier, chauffeur routier bloqué sur l'A1 dans la Somme depuis mardi 03H30, qui a patienté avant de repartir alors que d'autres se sont rebiffés.

"Apparemment, ils donnent une petite bouteille d'eau et un croissant. Ca va aller pour deux jours", ironise le chauffeur âgé de 43 ans à propos de l'intervention des pompiers. Il a patienté, jusqu'à pouvoir repartir mercredi peu avant midi, mais certains se sont rebellés, comme Maude Ferey, 21 ans, bloquée depuis mardi midi sur au km 243 de l'A29.

"On s'est attaqué aux glissières qui sont au milieu de l'autoroute, on les a fait sauter et on a fait demi-tour", a expliqué calmement à l'AFP la musicienne en provenance de Londres pour Paris dans un car de la SNCF.

"On a arraché sur 10 mètres les glissières pour faire demi-tour, sinon, je pense qu'on serait resté encore une nuit ou deux au même endroit", ajoute-t-elle, estimant avoir été "abandonnée" avec ses compagnons d'infortune.

"Il y en avait une qui ne tenait pas bien, on s'est mis tous ensemble, les routiers sont descendus de leur camion et à une vingtaine de personnes, on a tiré", détaille-t-elle. De son côté, Frédéric Fournier, parti lundi de Blois et passé par Paris, s'est retrouvé bloqué près de l'aire d'autoroute d'Assevillers , où il a stationné en double file de mardi 03H30 au lendemain 11H30, soit 32 heures.

"Je ne suis pas le seul, il y a quand même des bus avec des enfants dedans et depuis ce temps-là, on n'a pas vu un pompier, on n'a pas eu une bouteille d'eau, un sandwich, rien. (...) C'est honteux !", a-t-il déclaré à l'AFP, juste avant que des secours n'arrivent enfin.

M. Fournier peste d'autant plus que "dans l'autre sens, ils ont bien tout dégagé", alors que de son côté "il n'y a aucune information, il ne se passe rien du tout". "Je conseille à toutes les personnes qui veulent faire un régime de venir ici", plaisante le chauffeur, bloqué avec une centaine d'autres camions. Il estime que la situation était "prévisible". "Il aurait fallu bloquer les camions avant", explique M. Fournier, qui s'est retrouvé coincé dans les bouchons une demi-heure après l'entrée en vigueur de l'arrêté d'interdiction de circulation des poids-lourds.

"On était en vigilance orange, lors de la tempête au mois de janvier, bizarrement on n'a eu aucune interdiction, là, ça a complètement bloqué, on dit que c'est la faute des chauffeurs !", tempête Frédéric Fournier. "Les chauffeurs, ils ont un patron, donc ils doivent faire leur travail. S'ils ont un patron qui leur dit +roule, il n'y a aucune interdiction+, on est obligé de rouler, que ce soit moi ou tous les autres chauffeurs", poursuit-il.

"S'il y avait eu une interdiction bien avant, il y a beaucoup de chauffeurs qui seraient restés au dépôt et qui ne seraient pas là", déplore-t-il. Il avait finalement pu repartir vers 11H30, mais les routes restaient difficiles : "Ce n'est pas le moment d'être pressé", résume M. Fournier. "Là, on est reparti, le problème, c'est le gasoil, on ne sait pas jusqu'où on va aller", s'interrogeait de son côté Maude Ferey.


 

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