Le professeur britannique de 30 ans, Jeremy Forrest, qui avait fui en septembre 2012 en compagnie d'une de ses élèves, la jeune Megan, 15 ans, sur un ferry en direction de la France, a été condamné à son procès.
Ce "n'est pas Roméo et Juliette", avait d'entrée prévenu l'accusation : le professeur britannique Jeremy Forrest a été jugé coupable jeudi d'"enlèvement d'enfant" pour avoir fui en France accompagné d'une élève de 15 ans avec qui il avait une liaison.
La jeune fille a fondu en larmes quand est tombé le verdict du tribunal de Lewes (sud de l'Angleterre) qui jugeait le professeur de 30 ans depuis dix jours. L'enseignant, cheveux courts et teint pâle, est resté de marbre. Il devait être fixé sur sa peine vendredi.
"Je t'aime", avait-il peu avant lancé à l'adolescente, aujourd'hui âgée de 16 ans. "Je suis désolée", s'est-elle excusée, alors qu'il était escorté vers sa cellule. Le père de l'enseignant, Jim, a pour sa part été pris d'un malaise à l'audience et dû être transporté à l'hôpital. La jeune fille et l'enseignant en mathématiques, un homme marié âgé de 30 ans, musicien amateur, avaient fui pour la France le 20 septembre, après quelques mois d'une liaison amoureuse clandestine qui commençait à éveiller les soupçons de la police.
Le ferry de Douvres à Calais, direction Bordeaux
Après avoir pris en cachette le ferry de Douvres à Calais, fait étape à Paris, ils avaient mis le cap sur Bordeaux (sud-ouest de la France) où ils avaient finalement été reconnus par la patronne britannique d'un bar, à l'issue d'une semaine de fuite ultra-médiatisée. Le professeur avait été interpellé en vertu d'un mandat d'arrêt européen, puis renvoyé au Royaume-Uni et incarcéré. L'adolescente, qui ne peut pas être identifiée pour des raisons légales, avait quant à elle été remise à sa famille.
Le tribunal devait se prononcer sur la peine vendredi en fin de matinée. Jeremy Forrest, qui a effectué près de 9 mois de détention préventive, encourt une peine de prison de sept ans. "Pour notre famille, ces neuf derniers mois ont été le pire des cauchemars", a déclaré la mère de la jeune fille dans un communiqué lu par un porte-parole devant le tribunal.
Homme avide de "chair fraîche", pouvant être considéré comme un "pédophile"
Jeremy Forrest "a non seulement trahi la confiance que tous les parents de l'école avaient placée en lui mais il a aussi déshonoré sa profession", a asséné Portia Ragnauth, représentante du Parquet, après le verdict. L'accusation avait dressé un réquisitoire extrêmement sévère mercredi, en décrivant
Jeremy Forrest comme un homme avide de "chair fraîche", pouvant être considéré comme un "pédophile".
"Il ne s'agit pas de Roméo et Juliette. Il s'agit d'une fille de 15 ans, avec ses faiblesses personnelles, et d'un enseignant de 30 ans", avait insisté le parquet dès le début du procès. Le fait que la jeune fille ait été consentante pour fuir n'était pas un argument, étant donné qu'elle était mineure et que ses parents n'avaient pas donné leur accord, avait souligné l'accusation.
Des enseignants de l'établissement où l'accusé enseignait, l'école Bishop Bell à Eastbourne (sud-est), ont toutefois dressé un portrait plus élogieux du professeur, décrit comme doué et consciencieux, et dévoué à ses élèves. Sa femme avait exposé les difficultés conjugales du couple et raconté comment son mari était devenu quelques mois après leur mariage en 2011 de plus en plus distant et secret.
Des bruits sur une relation, dès février 2012
Alors que des bruits s'étaient mis à courir dès février 2012 sur une relation entre le professeur et l'élève, Jeremy Forrest avait été mis en garde à plusieurs reprises par la hiérarchie de l'école, mais il avait toujours démenti les rumeurs.
La relation, commencée par un baiser dans une salle de classe alors que la jeune fille n'avait que 14 ans, était devenue sexuelle peu après le 15e anniversaire de l'adolescente, à l'été 2012. L'accusation a mis l'accent sur les textos et photos suggestifs échangés par le couple, qui se retrouvait dans des hôtels, dans la voiture et dans la maison du professeur pour avoir des rapports sexuels.
Le 20 septembre, alors que la police était venue l'interroger chez elle sur cette relation, l'adolescente a, selon son propre témoignage, "paniqué" et décidé de fuir. Elle a expliqué que Jeremy Forrest avait d'abord essayé de l'en dissuader, mais qu'il avait finalement décidé de partir avec elle car il ne voulait pas la laisser seule, alors qu'elle avait des pensées suicidaires.