Douze personnes, interpellées lundi dans le sud-est et le nord par les gendarmes pour leur implication présumée dans un réseau européen de prostitution de luxe, ont été présentées vendredi à un juge d'instruction de Grasse en vue de leur mise en examen.
Le parquet a requis le placement en détention provisoire de huit personnes, toutes mises en cause pour "proxénétisme aggravé" et pour certaines "blanchiment".Parmi les 12 personnes mises en cause, un homme d'une cinquantaine d'années et ses deux fils, originaires du nord et implantés depuis plusieurs années dans le Var, tous sans emploi et bénéficiaires du RSA. Le réseau qu'ils avaient mis en place proposait "officiellement" des jeunes filles comme masseuses sur des sites internet de petites annonces.
L'organisation, qui opérait "depuis 2008-2009", était "parfaitement rodée", le père de famille ayant monté un réseau très "structuré", a souligné Georges Gutierrez, procureur de la République à Grasse, lors d'une conférence de presse.
Les jeunes femmes, essentiellement françaises, mais aussi de nationalité suisse ou belge, travaillaient à Fréjus (Var) et Mandelieu-la-Napoule (Alpes-Maritimes) dans des logements mis à disposition par un agent immobilier.
Un des fils était chargé du recrutement, de l'accueil des prostituées et de récolter l'argent. L'autre se chargeait de la gestion des sites internet, dont l'un, créé par la famille elle-même, avait son siège aux Seychelles.
Les filles étaient recrutées également par d'autres intermédiaires dans le nord et le sud de la France. Une quinzaine de jeunes femmes se trouvaient jusqu'à ces derniers jours sous la coupe de ce réseau qui en a employé une quarantaine au total, selon les enquêteurs.
Elles étaient démarchées via une annonce sur un site belge. Elles devaient alors fournir une photo aux recruteurs. En retour, une femme, elle-même prostituée, les rappelait, leur vantant les possibles gains de la prostitution, leur précisant les conditions contractuelles, ainsi que les modalités pratiques (réception en gare, remise d'un téléphone portable, d'un kit de prostitution -préservatifs, lingettes-,etc.).
Les gains engendrés dépasseraient le million d'euros
Si la "postulante" était d'accord, un rendez-vous était fixé et une petite annonce était mise en ligne sur les sites Vivastreet et Escort Meetic pour appâter les clients.
Chacune devait quotidiennement payer aux proxénètes "entre 275 et 350 euros, y compris les jours non travaillés et quel que soit le nombre de clients", a raconté le procureur.
Les perquisitions ont permis la découverte d'armes de poing et d'épaule, d'environ 64.000 euros en liquide, de cinq véhicules et d'une moto, ont rapporté les gendarmes, précisant dans un communiqué que "le tout, plus le patrimoine immobilier d'une maison avec terrain, en cours d'estimation, pourraient être saisis au titre des avoirs criminels".
Le juge d'instruction en charge du dossier est en train de procéder à la saisie de plusieurs comptes bancaires représentant "plusieurs centaines de milliers d'euros", selon le procureur. Le réseau disposait en outre d'un compte en Suisse.
L'étude de ces comptes démontre que, depuis l'origine, les gains engendrés pourraient dépasser 1 million d'euros, selon les gendarmes, qui précisent que les clients auditionnés ont confirmé les tarifs proposés (130 à 200 euros la passe).
La brigade de recherches de Cannes a opéré ce démantèlement sur commission rogatoire, avec l'appui notamment de gendarmes de Grasse, Fréjus et
Marseille. Les interpellations s'étaient déroulées lundi dans le Var, les Alpes-Maritimes, les Bouches-du-Rhône et le Nord. Deux autres personnes également interpellées lundi ont été relâchées.