Thomas, le faux clown de Douvrin, condamné à 6 mois de prison avec sursis

Thomas, le jeune homme de 19 ans qui s'est déguisé en clown ce vendredi soir à Douvrin a été condamné par le tribunal de Béthune à 6 mois de prison avec sursis et 105 heures de TIG. 

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Il l'a confirmé à la barre du tribunal de Béthune ce lundi après-midi. C'est bien en voyant les photos et vidéos sur Facebook de clowns plus ou moins factices, fantasmés ou réels, que Thomas, 19 ans, apprenti boucher, habitant de Douvrin (Pas-de-Calais) a eu l'idée de se déguiser en clown vendredi soir. Un pari avec ses copains qui tourne mal... "J'ai ressenti tout le mal que j'ai fait. Je m'excuse. Je regrette", a-t-il dit. Il n'est pas parti de chez lui avec l'idée de blesser. Il voulait faire peur. Il brandissait simplement un bâton. "Il s'est rendu compte que ce n'était pas drôle", a indiqué son avocat qui a insisté sur l'immaturité de son client. 

Une attitude et une situation qui ont conduit le procureur à une certaine clémence. Dans son réquisitoire, il a indiqué que Thomas avait réfléchi suite à sa garde à vue et sa nuit à la prison de Béthune : "Il a mesuré la gravité des faits." La préméditation a tout de même été retenue notamment parce que Thomas a longuement préparé son costume de clown chez lui. La justice a voulu marquer le coup et rappeler que ce "jeu" des clowns qui font peur peut être grave : "Les enfants et les adolescents ne font pas forcément la différence entre un criminel déguisé en clown et un simple plaisantin." En même temps, il a également insisté sur le fait que Thomas ne devait pas "payer" pour les autres. 

6 mois avec sursis

Autres élements qui ont joué en faveur du prévenu : Thomas, actuellement en apprentissage chez un boucher, a une promesse d'embauche pour novembre. Il n'a jamais été condamné même s'il a eu à faire trois fois avec le juge pour enfants pour des faits mineurs. 

Pour avoir fait peur à un  garçon de six ans, à des ados et avoir provoqué la colère du gérant d’une friterie, Thomas a finalement été condamné à 6 mois de sursis, 105 heures de Travaux d'Intérêt général sur 18 mois, une obligation de travail et une interdiction de détention et port d'arme pendant 5 ans (son pistolet lacrymogène était une imitation d'un vrai pistolet).  

Un contexte de panique collective

Le coupable est le premier à avoir été traduit en justice dans le Nord/Pas-de-Calais, après la multiplication la semaine dernière de signalements et plaintes faisant état de clowns armés qui terrifiaient les passants. Cela avait créé peu à peu, de rumeurs en faits avérés, une véritable psychose. Vendredi, après une vingtaine d'appels au 17 signalant la présence de clowns menaçants, la préfecture du Pas-de-Calais avait lancé des avertissements sur les réseaux sociaux.

"C'est un phénomène qui a pris de l'ampleur en fin de semaine, né dans le sud du département vers Valenciennes, Douai et les communes alentours. C'est une mauvaise plaisanterie qui a démarré sur les réseaux sociaux", a expliqué Didier Perroudon, directeur de la sécurité publique du Nord, lors d'une conférence presse.

Dans le département, 27 signalements de clowns agressifs ont été faits dans la journée de jeudi, 26 vendredi, avant que le phénomène ne décroisse. Chez les voisins du Pas-de-Calais, une vingtaine d'appel ont été passés au 17 pendant la journée de vendredi, poussant la préfecture à passer un avertissement
sur les réseaux sociaux.

"On ne déplore pas actuellement de phénomènes graves", a précisé Didier Perroudon, "mais c'est quelque chose que nous prenons très au sérieux". Le phénomène "peut aussi permettre à une véritable délinquance de se cacher", a-t-il souligné. Au total, les policiers ont recensé six faits avérés d'actes de malveillance, dont une tentative d'extorsion d'un billet de 5 euros. 

Les faux clowns "sont majoritairement signalés à la sortie des établissements scolaires, mais aussi sur la voie publique, en sortant des buissons, dans un square. Leurs cibles sont souvent des jeunes enfants ou des adolescents, mais aussi des adultes", a expliqué à l'AFP une source policière. Les armes brandies semblent être factices: de faux couteaux de boucher ou des tronçonneuses inopérantes. "Ils s'inspirent de films gore américains de troisième zone", a estimé la source policière.

"Mauvaises plaisanteries pouvant coûter cher!"

Ces actes, conséquences de défis lancés sur les réseaux sociaux, "s'apparentent à des violences avec armes et constituent un délit faisant encourir à leur auteur une peine de 3 ans d'emprisonnement et de 45.000 euros d'amende", a mis en garde le préfet du Pas-de-Calais, Denis Robin, dans un message
sur Facebook. La dissimulation du visage sur la voie publique est par ailleurs passible d'une contravention, a-t-il ajouté.

La police nationale 62 a également prévenu sur Twitter : "les mauvaises plaisanteries peuvent vous coûter cher!", "en cas d'interpellation vous serez poursuivis pour des faits de violences volontaires avec arme". "Il y a un effet d'entraînement avec des gens qui ne sont pas très clairs. Ça se complique quand il y a agression, réelle ou simulée", a noté Thierry Alonso, directeur de la sécurité publique du Pas-de-Calais, qui s'est félicité de l'arrestation du faux clown de Béthune.

Carvin, Arras : des clowns signalés


Vendredi à Carvin, un enfant est rentré chez lui en pleurs après s'être fait poursuivre par deux clowns, persuadé qu'ils avaient voulu l'enlever. Dans le même temps à Arras, des clowns ont été signalés à cause d'un "chahut", mais sans agression, a rapporté M. Alonso. "Cette hystérie collective" devrait se calmer avec les vacances scolaires, a prédit le policier.

Les policiers du Nord, qui avaient renforcé leurs patrouilles aux abords des établissements scolaires, vont quant à eux se concentrer sur les centres aérés pendant les congés.
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