Mardi les bénévoles du Secours populaire et de l’association Salam* se sont rendus auprès des migrants de Calais et leur ont offert de la nourriture mais aussi quelques petits cadeaux : de quoi améliorer le quotidien d’une journée mais pas de régler le problème sur la durée.
Mardi 23 décembre, en soutien à l’association Salam* qui vient en aide aux migrants depuis les années 2000, le Secours populaire a distribué des colis de nourriture mais également quelques jouets mécaniques et des friandises pour les enfants. Les femmes ont pu recevoir des produits cosmétiques.
L’initiative met du baume au cœur des migrants mais ne leur fait pas oublier leur situation. Fadul, 24 ans, vient du Soudan. Depuis deux mois, il loge dans la "jungle", ce grand squat qui abrite plusieurs centaines de migrants. Mardi, alors qu’il faisait la queue pour obtenir quelques vivres, il a confié à l’AFP la difficulté de son quotidien et son amertume : "La situation est très mauvaise ici, et je viens, seul, d'un pays dur et intolérant".
Abdul, un migrant pakistanais, a confié à La Voix du Nord que "célébrer Noël et apporter de la nourriture était un beau geste mais que [les migrants ont] surtout besoin de vêtements chauds et secs et de trouver un toit".
"Je rêve de voir le pont de Londres"
Âgée de seulement 20 ans, Tegest, une jeune Erythro-Ethiopienne, se réjouit des quelques cosmétiques qu'elle vient de recevoir en cadeau. "Mon père est mort quand j'étais petite, et je n'ai pas vu ma mère pendant neuf ans", raconte-t-elle. Protestante, elle a dû quitter l’Erythrée en raison de sa religion. "Le jour de mon arrivée à Calais il y a deux mois, j'étais toute seule, sans endroit pour loger, et je suis tombée enceinte", se remémore-t-elle. Aujourd’hui, Tegest est extrêmement reconnaissante de l’aide associative qu’elle reçoit mais glisse qu’elle se sent toujours sent "tellement, tellement inquiète". D’ailleurs, la jeune fille n'attend "rien" de la visite à Calais du ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, mercredi 24 décembre.Chaque migrant incarne une histoire douloureuse et un destin incertain. Khan, 28 ans, est pakistanais, entre deux bouchées de nourriture distribuée par le Secours populaires, il raconte : "Ma famille voulait envoyer les filles à l'école mais les Taliban, non […] Ils ont tué ma sœur, détruit notre maison". "Je suis parti pour l'Angleterre parce que je rêve de voir le pont de Londres", ajoute-t-il. Mais entre son rêve et la réalité, il y a Calais.
(*Salam signifie Soutenons, Aidons, Luttons, Agissons pour les Migrants et les pays en difficultés)