Jean-Louis Beffa, président d'honneur du groupe Saint-Gobain, était l'invité de France Inter ce matin. Il s'est voulu rassurant quant à l'avenir de Verallia et l'usine de Vauxrot à Crouy (Aisne). Il a également dit ce qu'il pensait de la politique économique du gouvernement.
Jean-Louis Beffa a plusieurs casquettes. Pour la Picardie, il est surtout le Président d’honneur de Saint-Gobain, qui fête ses 350 ans. Mais il est également coprésident du Centre Cournot pour la recherche économique, président du comité des nominations et des rémunérations de GDF Suez ou encore président de la branche Asie de la banque Lazard. Un poids lourd du monde économie donc, qui était invité dans la matinale de France Inter, mardi 21 avril.
Quel avenir pour l'usine de Crouy, près de Soissons ?
Saint-Gobain veut céder sa filiale Verallia, spécialisée dans le verre d'emballage, d'ici cet été. Le numéro un mondial des matériaux souhaite en effet se recentrer sur sa filière habitat. Or Verallia embauche 2.300 personnes en France et compte plusieurs sites dans l'Aisne. Le député Jacques Krabal avait alerté le gouvernement en février : "Comment agir pour que le repreneur de Verallia s'engage dans un processus industriel et non financier, avec l'ambition de maintenir l'emploi dans l'Aisne, un département fortement impacté par le chômage."
Un auditeur a porté cette inquiétude sur France Inter ce matin. Il a interrogé Jean-Louis Beffa sur l'avenir de l'usine de Vauxrot, située à Crouy près de Soissons : "Il y a 3 ans, les salariés ont sauvé le dernier four de l’usine (et) on entend (maintenant) que cette filiale serait peut-être transférée dans un autre pays européen."
La demande est telle que l'usine de Vauxrot peut continuer.
Le président d'honneur a donné son sentiment. "Je pense qu’il n’y a aucune raison de transférer l’usine de Vauxrot, a-t-il déclaré. Je crois que la demande aujourd’hui est telle que l’usine de Vauxrot peut continuer. (…) Il y aura de nouveaux actionnaires pour Vauxrot. Mais Vauxrot ne me parait pas menacée."
Il faut souligner que le président d'honneur est aussi administrateur du groupe Saint-Gobain. Mais il n'est pas le seul acteur décisionnaire. L'avenir des 250 salariés du site de Crouy ne peut d'ailleurs pas être assuré tant que le repreneur de Verallia, valorisée à 2.8 milliards d'euros, n'a pas été trouvé.
Quel avis sur la politique économique française ?
En une demi-heure d'échange avec le journaliste Bruno Duvic et les auditeurs de France Inter, Jean-Louis Beffa s'est surtout exprimé sur la situation économique du pays. Concret, il s'est réjoui que les travailleurs siègent désormais dans les conseils d'administration (mais n'est pas favorable à une augmentation de leurs salaires) et a regretté que la législation sur les plans sociaux (la procédure trop lente, interdiction de reclasser quelqu'un s'il n'y a pas de solution pour tout le monde). Théorique, il a développé l'idée que la France obéissait "à plein à un modèle libéral financier" plutôt qu'au "modèle de type allemand vraiment industriel et commercial, qui allie efficacité économique et une relation spéciale avec les syndicats". Le président d'honneur de Saint-Gobain a parlé de "mesures incohérentes", notamment fiscales, prises par le gouvernement "la première année du quinquennat", qui auraient "cassé l'enthousiasme des entrepreneurs".
L’inactif, il faut oser le dire, ce sont les fonctionnaires et les retraités.
Selon Jean-Louis Beffa, l'entreprise est d'ailleurs plus indispensable que le travail des fonctionnaires. En France, "il y a un arbitrage en faveur de l'inactif contre l'actif, a -t-il estimé. L’inactif, il faut oser le dire, ce sont les fonctionnaires et les retraités. (...) La richesse se crée dans l'entreprise." Des propos qui ont beaucoup fait réagir sur les réseaux sociaux.
"Les inactifs se sont les fonctionnaires et les retraités." Jean Louis Beffa sur @franceinter
Y'a quand même des baffes qui se perdent !
— S. Fontdecaba ☮ (@AudeCorbieres) 21 Avril 2015
@franceinter : palme du pire cliché sur la fonction publique attribuée à Jean-Louis Beffa ! http://t.co/hhpVmiquq1 pic.twitter.com/W5OEj2QDZC
— Marylise Lebranchu (@mlebranchu) 21 Avril 2015
Punaise ! Mais comment on peut voir la dépense publique QUE comme une dépense ! C'est aussi un investissement. #Beffa @franceinter
— S. Fontdecaba ☮ (@AudeCorbieres) 21 Avril 2015
Qui peut dire à Jean-Louis Beffa que, si on engraisse un peu moins les actionnaires, on crée un peu plus de richesses ? Moi, je fatigue.
— SIBILLE Christophe (@SIBILLEChristop) 21 Avril 2015
JL Beffa parle comme un tract du Comité des forges dans les années 20. #Inter
— Didier Porte (@DidierPorte) 21 Avril 2015
Invité à préciser son propos, Jean-Louis Beffa a expliqué que "le travail en entreprise est un préalable au travail parfaitement légitime, respectable, des fonctionnaires. (...) La dépense publique n’est financée que par la création de richesse dans le monde de l’entreprise." Voilà pourquoi il faudrait selon lui encourager les jeunes à entreprendre, par la formation et par des facilités pour revendre son entreprise.