"C'est Soissons qui est favorisé" : une association alerte sur le "démantèlement" de l'hôpital de Château-Thierry

Une association d'habitants de Château-Thierry, mais aussi de ses alentours, alerte sur le "démantèlement" du centre hospitalier de la ville, à cheval sur trois départements (Aisne, Marne et Seine-et-Marne). Ils déplorent le fait que celui de Soissons soit favorisé et appellent à "s'opposer avec détermination à ce projet de casse".

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Une association composée d'habitants de Château-Thierry et des alentours tire la sonnette d'alarme face à la dégradation de leur hôpital. Déclassement de la maternité, fermeture du service de gastro-entérologie, diminution des consultations spécialisées... La liste est longue et, à les entendre, elle ne fait que s'allonger.

Il y a un an et demi, "l'ancienne directrice de l'hôpital de Château-Thierry n'a pas été prolongée à son poste", explique l'association "Ma santé, j’y tiens, mon hôpital, mon bassin de vie, je soutiens" qui précise d'ailleurs qu'elle n'a "pas démissionné".

Le directeur de l'ARS (Agence régionale de santé) a nommé un directeur par intérim qui n'est autre que le directeur de l'hôpital de Soissons, "sauf qu'il y a conflit d'intérêts", selon l'association. Depuis cette nomination, elle indique qu'elle constate une baisse en termes de quantité et d'offres de soins, comme la perte de "10 000 consultations" en un an.

Une baisse des offres de soins

"Récemment, on vient d'apprendre que l'USIC (unité de soins intensifs cardiaques), allait également fermer pour des raisons administratives". Un courrier de l'ARS explique "qu'il fallait six lits pour maintenir le service, mais celui de Château-Thierry en a quatre". À côté, "deux lits vont être octroyés à l'hôpital de Soissons. Pour les décisions de développement hospitalier, pour le matériel, c'est Soissons qui est favorisé du fait du conflit d'intérêts du directeur par intérim", déplore l'association.

Mais ce n'est pas tout. Les membres constatent que "l'ARS a établi un projet régional de santé qui a été voté par 49 conseillers départementaux sur 52 avec 3 abstentions, qui prévoyait la dégradation de la maternité du niveau 2 au niveau 1". Cela implique notamment "la fermeture du service de néonatalité" ou encore l'impossibilité de suivie de patientes atteintes de diabète gestationnel ou d'hypertension artérielle gravidique, "des pathologies fréquentes chez les femmes enceintes".

L'hôpital de Château-Thierry a également "perdu un service de gastro-entérologie", ce qui amène à une offre de soins réduite pour les patients qui viennent se faire dépister du cancer, par exemple.

Dans un tract, "Ma santé, j'y tiens" cite de nombreux autres cas : abandon du projet du centre lourd de dialyse au profit de l'agrandissement de celui de Soissons ; disparition des consultations de dermatologie, de rhumatologie et de douleurs chroniques ; le refus de reconnaissance de la deuxième équipe de SMUR ; départ "massif" des professionnels médicaux inscrits à l’Ordre "poussant la direction à annoncer des chiffres faux lors du dernier conseil de surveillance"...

Toutes ces interrogations montrent que depuis mai 2023, avec votre intérim, les décisions mises en œuvre systématiquement renforcent l’hôpital pivot de Soissons au détriment de l’hôpital de Château-Thierry ! Les faits sont là, personne aujourd’hui ne peut les nier !

Jacques Krabal, ancien député de l'Aisne et membre du Conseil de surveillance du CH de Château-Thierry

Courrier adressé au président du Conseil et au directeur par intérim

"La problématique est vraiment administrative"

Étant une association, il n'y a pas eu de dialogue avec la direction "puisqu'on ne travaille pas à l'hôpital, mais leurs agissements parlent d'eux-mêmes. C'est quand même très particulier, cette privation de soins qui ne se fait pas par manque de médecins, mais pour des raisons administratives", déplorent-ils.

Dans un courrier adressé en avril dernier à l'ancienne ministre de la Santé, Catherine Vautrin, l'association rappelle que l'établissement est à cheval sur trois départements : l'Aisne, la Marne et la Seine-et-Marne. En somme, l'hôpital de Château-Thierry "draine un bassin de vie de 100 000 habitants de notre ruralité. Son démantèlement constitue une préoccupation quotidienne pour chacun d'entre nous lorsque nous avons besoin de soins". C'est pourquoi "il est important de se mobiliser et de refuser que cette direction par intérim persiste plus longtemps".

Alors, pour se faire entendre, l'association a mis en place de nombreuses actions : en plus d'un recours auprès du tribunal administratif pour le service de néonatalité (qui a été jugé irrecevable car "il manquait un élément"), une lettre a été écrite au ministère de la Santé et au directeur de l'ARS. Ce dernier leur a répondu "que tout était sous contrôle, tout allait bien. Il a accepté de nous recevoir prochainement".

Ils ont également écrit une pétition pour les patients qui a recueilli plus d'un millier de signatures "en une quinzaine de jours", mais aussi une pour les professionnels de santé, qui a obtenu le soutien de "80 % professionnels de santé du territoire". Une autre pétition, cette fois-ci mise en ligne le 2 décembre dernier, approche des 200 signatures. Son but est clair : "s'opposer avec détermination à ce projet de casse, de démantèlement de notre hôpital et de son offre de soins".

"Ce genre de rumeur ne fait que dégrader l'image de l'établissement"

Contactée, l'Agence régionale de santé des Hauts-de-France réfute et pose la question : "de quel démantèlement parle-t-on ? Ce genre de rumeur ne fait que dégrader l'image de l’établissement et nuit à son attractivité alors même que toute la communauté hospitalière se bat pour la qualité de l’offre de soins dans le territoire".

Pour l'agence, si l'hôpital de Château-Thierry était en cours de démantèlement, l'État, à travers l'ARS, n'aurait pas annoncé en mars dernier "l'engagement d'un projet d'investissement très ambitieux et accompagné à hauteur de 35 millions d'euros dans le cadre du Ségur santé". Pour rappel, ce projet consiste en la construction d'un bâtiment neuf qui comprend "l’imagerie, les urgences, le laboratoire, la pédiatrie, la chirurgie en hospitalisation complète et l’hospitalisation en gynécologie-obstétrique".

Le début des travaux est prévu pour juin 2025. Le projet est financé intégralement "grâce à cette aide" et représente "l'un des plus importants projets hospitaliers actuels" dans la région. 

Enfin, quant à l'USIC, "la fermeture de cette unité de soins intensifs cardiologiques est contrainte par un nombre insuffisant de médecins cardiologues. Ce type d’unité demande de répondre à un cahier des charges strict et notamment sur la possibilité de mobiliser un cardiologue 24h/24 et 7j/7". Son maintien se ferait dans des conditions "qui ne permettent pas de garantir la sécurité des prises en charges" de la patientèle. 

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