Depuis quelques années, les chenilles processionnaires envahissent les forêts de l'Aisne chaque été. Dangereuses pour les arbres, elles provoquent également de l'urticaire et des réactions allergiques chez l'homme.
C'est un épineux problème qui revient chaque année plus fort dans l'Aisne. Les chenilles processionnaires et leurs poils urticants sont de retour dans les forêts. "Tous les jours, ça nous gratte de partout ! explique Sahin Serdar, ouvrier forestier dans la forêt domaniale de Vauclair, à l'est du département. Ça fait vingt ans que je travaille en forêt, et depuis deux ans, c'est du jamais vu."
Les rougeurs et les démangeaisons font partie du quotidien de tous ceux qui travaillent dans la forêt. Même sans entrer en contact direct avec les chenilles. "La chenille libère ses poils, qui peuvent être transportés par le vent jusqu'à 150, 200 mètres", explique Adrien Lebrun, technicien de l'Office national des forêts. Ça devient un réel problème pour toutes les personnes qui gravitent autour de la forêt." Car ce sont justement ces poils qui provoquent de l'urticaire, voire chez certaines personnes, des réactions allergiques comme des œdèmes, qui peuvent mener tout droit à l'hôpital. Un décret en date du 25 avril dernier vient d'ailleurs de les classer comme "espèces nuisibles à la santé humaine".
Pour limiter les dégâts, il existe des moyens de prévention : porter des vêtements longs et déperlants, se déshabiller en rentrant chez soi, si possible à l'extérieur, pour éviter que les poils n'entrent dans le domicile. En cas d'urticaire, il faut se rendre à la pharmacie.
Un phénomène difficile à endiguer
Si les chenilles processionnaires sont présentes depuis longtemps dans le département, le phénomène a pris une ampleur considérable ces dernières années. "On a des traces de leur présence dans les années 80, mais pas autant que maintenant, précise Adrien Lebrun. On a commencé à voir une grosse prolifération en 2018, puis de façon exponentielle les années suivantes." Sans compter que leur présence s'étend à des sites qui n'étaient jusque là pas touchés. "Le foyer-mère était sur La-Ville-aux-Bois-lès-Pontavert, puis ça s'est déplacé vers la forêt domaniale de Vauclair, et maintenant il y en a sur toute la Picardie, de la Thiérache jusqu'aux forêts de Chantilly et de Compiègne. C'est venu progressivement, mais les fortes sécheresses ont accentué le phénomène sur le territoire."
Et c'est aussi une mauvaise nouvelles pour les arbres, qui sont affaiblis par la présence massive de ces chenilles. L'espèce présente dans la région s'attaque aux chênes. "On a commencé à noter quelques dépérissements dans les chênes, confirme Adrien Lebrun. La présence de la chenille vient s'ajouter aux sécheresses estivales, ce qui porte deux coups aux arbres."
Un réseau d'experts a été désigné pour coordonner les actions de prévention et de lutte contre ces insectes. S'il est possible de détruire les nids et de poser des pièges à phéromones, il est encore très difficile de prendre des mesures efficaces sur de telles surfaces et face à tant de chenilles. Pour Adrien Lebrun, cela doit s'accompagner d'un réflexion sur le long terme, en réimplantant par exemple les prédateurs naturels des chenilles, comme les mésanges et les chauve-souris.