Fin janvier, une habitante de Saint-Quentin (Aisne) est décédée après avoir contracté la légionellose. En cause : une eau contaminée par la bactérie. Depuis, les gestionnaires et les autorités de santé ont pris des mesures pour tenter d'éradiquer la souche présente dans le réseau d'eau chaude. Sans y parvenir pour autant.
Comme la plupart des occupants de la résidence du Parc, située à Saint-Quentin (Aisne), Ghislaine a interdiction d’utiliser sa douche sans un pommeau filtrant.
Objectif de l'outil : stopper les légionelles. "C'est pour empêcher le passage de toutes les bactéries, c'est un produit reconnu médicalement et il ne laisse rien passer du tout", explique-t-elle entre les deux portes de sa cabine de douche.
Décès d'une octogénaire
Le 25 janvier, une personne âgée de 83 ans, habitante du Parc, résidence privée située à Saint-Quentin (Aisne), contracte la légionellose. Une maladie causée par la bactérie Legionella pneumophila, qui prolifère notamment dans les réseaux d'eau chaude et peut provoquer de graves infections pulmonaires par inhalation.
L'Agence régionale de santé (ARS) est informée et des premiers prélèvements sont effectués au domicile de l'octogénaire. Résultat : une présence de légionelles très supérieure au seuil sanitaire de 1 000 ufc (unité formant colonie) par litre. De quoi inquiéter les 200 habitants de la résidence. "C'est grave quand même comme situation, témoigne Claire, locataire d'un appartement, une personne est morte et on manque vraiment d'information. On entend des bruits à droite à gauche, mais des informations officielles ont en manque."
"Ce n'était pas éradiqué à fond"
Suite au décès de l'habitante, des mesures ont été prises sans délai, comme l'interdiction d'utiliser l'eau chaude de la douche avant l'installation des pommeaux anti-légionelle. Les installations du réseau d'eau chaude ont été entièrement passées au chlore, mais cela n'a pas suffi.
Frustrant pour Ghislaine Ceulemans, gérante de la copropriété de la résidence Bel-Air : "on pensait que grâce à l'ARS et au premier choc chlore qu'on allait s'en sortir et malheureusement, au bout d'une dizaine de jours, les résultats n'ont pas été probants, ce n'était pas éradiqué à fond."
Gestionnaire de résidence depuis 40 ans, elle prend les choses à bras-le-corps : "on a eu un moment de panique, mais très vite, on a pris la décision de faire venir un bureau d'études pour nous dire tout ce qui ne va pas dans notre réseau."
Désinfection difficile
La situation est complexe et coûteuse à gérer. Alors les gestionnaires comptent sur le soutien technique des autorités. Pour Jérôme Leclercq, vice-président de l'agglomération du saint-quentinois en charge de l'eau et de l'assainissement, il est difficile de traiter l'ensemble des secteurs : "la problématique des réseaux dans les résidences, c'est qu'on a toujours des réseaux au point mort, où il n'y a pas de circulation d'eau. Et le problème, c'est d'aller chercher ces réseaux-là pour les désinfecter".
Il y a un an, la légionellose avait touché d'autres bâtiments du quartier. En fonction des résultats de l'audit, de nouvelles mesures devraient être mises en œuvre.
Avec Rémi Vivenot / FTV