La réalisatrice Yamina Benguigui revient à Saint-Quentin, ville où elle a grandi, pour tourner une partie de son nouveau long-métrage Soeurs, où figure notamment Isabelle Adjani. Elle aussi connaît déjà la ville puisqu'elle y avait tourné le mariage de La Reine Margot en 1993 de Patrice Chéreau.
Yamina Benguigui est de retour à Saint-Quentin pour réaliser une partie de son nouveau long-métrage, provisoirement baptisé Soeurs. Le tournage se déroule sur onze semaines d'Alger à Paris en passant par Saint-Quentin, ville où elle a grandi, de ses 6 mois à sa majorité. C'est par les scènes tournées dans la ville axonaise que la cinéaste termine son tournage."C'est une ville qui m'est très chère, dans laquelle je reviens tourner dès que je le peux, confie Yamina Benguigui, qui y avait déjà choisi Saint-Quentin comme décor pour Inch'allah dimanche, sorti en 2001 et primé au festival de Toronto. Cette ville dégage de la souffrance, de la solitude, mais aussi beaucoup d'humanité. J'y aime la lumière sur les bâtiments, l'Art déco, les lieux déserts comme la cité Billion, ce sentiment que l'on est à la limite du grand nord et proche de l'Angleterre," ajoute la cinéaste, nostalgique.
Trois soeurs et un père
Soeurs retrace l'histoire de trois soeurs algériennes, dont le père est un militant indépendantiste du Front de libération national (FLN) et assigné à résidence en France à Saint-Quentin. "C'est un soldat qu'on n'a jamais débranché. Ses filles sont déchirées entre deux identités : à la maison, c'est l'Algérie, dehors, c'est la France," résume Yamina Benguigui. Devenues adultes, les trois femmes vont se disputer lorsque l'une d'elles décide de raconter au théâtre la vie de leur père mourant. Cette metteur en scène est interprétée par Isabelle Adjani, qui joue aux côtés de Maïwenn, Rachida Brakni et Hafsia Herzi. Adjani est elle aussi déjà venue à Saint-Quentin pour tourner le mariage de La Reine Margot, réalisé par Patrice Chéreau en 1993.
Un récit inspiré de son enfance
Ce synopsis rappelle énormément le passé de la réalisatrice. "Le film est à 60% autobiographique, 40% fiction, reconnaît Yamina Benguigui. Mon cinéma s'ancre dans le réel. Les yeux de l'enfance, je ne peux pas les réinventer, c'est pour cela que j'avais besoin de tourner à Saint-Quentin. Ma maman y vit, mes deux frères et ma soeur aussi, j'ai une émotion particulière à tourner ici."Cette exigeance de réel imprègne le casting : la cinéaste se félicite d'avoit trouvé des acteurs et actrices principaux "ayant tous un lien avec l'immigration algérienne". Ce sont aussi des Saint-Quentinois qui peupleront les séquences urbaines, puisque nombre d'entre eux ont répondu à l'appel à la figuration lancé sur les réseaux sociaux de la Ville.
Soeurs devrait sortir en salle courant 2020, sans qu'aucune date précise ne soit pour le moment communiquée. À l'écran, les Saint-Quentinois pourront reconnaître leur fameuse basilique, le tribunal et le théâtre de la ville, mais aussi le restaurant Le Champs Élysées et l'intérieur de la mairie.
Avant de se tourner vers la fiction, Yamina Benguigui a signé de nombreux documentaires comme Mémoires d'immigrés qui a reçu un accueil favorable du public et des critiques. Sa devise : "à ne pas connaître son histoire, on se trompe d'histoire". Ses films sont le reflet de son engagement politique. Par ailleurs, Yamina Benguigui a été adjointe du maire de Paris et ministre déléguée à la Francophonie dans le 2e gouvernement Ayrault du 21 juin 2012 au 31 mars 2014.