Une sculpture d'un soldat de la Première Guerre mondiale retrouve sa place sur le Chemin des Dames, 50 ans après son vol

La carrière de Froidmont, lieu emblématique du Chemin des Dames, a retrouvé un fragment de son passé vendredi 31 janvier 2025. La sculpture réalisée par un soldat français lors de Première Guerre mondiale a été restituée, quelques mois après sa réapparition à la Caverne du Dragon. Et cinquante ans après avoir été volée.

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Un retour cinquante ans après sa disparition. Volée dans les années 70, la sculpture d’un soldat de la Première Guerre mondiale, présent sur le Chemin des Dames, dans l'Aisne, a retrouvé sa place dans la carrière de Froidmont. Il s'agit d'un navire sculpté par un poilu dans la pierre calcaire.

Le Montmorency II, bateau réalisé par Eugène Gourmelen, est l’une des nombreuses œuvres ayant disparu des radars. Notamment au gré des pillages. Ces gravures et ces graffitis présents à quinze mètres sous terre, à Braye-en-Laonnois, sont les traces laissées par les soldats Allemands, Américains et Français.

Gilles Chauwin, président de l’association du Chemin des Dames, qui contribue depuis de nombreuses années à la préservation de ce site historique, raconte le récit de l'artiste à l'origine du voilier taillé.

Un "charpentier de marine" à l'origine de l'œuvre

Eugène Goumerlen "était charpentier de marine" de la presqu’île de Crozon, dans le Finistère. Montmorency II est le navire dans lequel il a exercé juste avant de se rendre au front. "Le jour de la déclaration de guerre, il passait le Cap Horn", indique Gilles Chauwin.

Il a été ensuite engagé dans une des compagnies du 64e régiment d'infanterie, composé de Bretons et de Vendéens. "Ils étaient présents dans la carrière de Froidmont de fin novembre 1917 jusqu'à mai 1918. Le régiment a cornaqué les soldats de la 26e division US, arrivés en février et mars 1918 sur le Chemin des Dames."

La sculpture n'est pas seulement le témoignage du parcours d'un soldat inconnu. "Son histoire est importante parce qu’il a échappé à la deuxième bataille de la Marne", explique le président de l'association du Chemin des Dames. Une offensive allemande, lors de la nuit du 26 au 27 mai 1918, qui va décimer le 64e régiment.

Mais à un mois de l'armistice, le soldat breton subit un accident. "Eugène prend une balle dans la main gauche qui lui sectionne deux doigts et qui lui brise l’humérus droit. Il prendra également des éclats d’obus qui lui abîmeront les côtes et les poumons. À la fin de la guerre, il rentre en Bretagne." Après deux mois de marines, très fatigué, "il arrive à avoir un emploi réservé à l’arsenal de Brest. Il invente une machine qui diminue le temps de fabrication des Caillebotis par deux." Un temps précieux pour des bateaux qui sont fabriqués en bois. Son invention sera présentée un temps au musée de la Marine indique Gille Chauwin.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, Eugène Gourmelen reste à Brest avec son fils, sous les bombardements anglo-américains. Il lui dira alors : "ce qu’on venait de vivre sous les bombardements anglo-américains, c’était pire que ce que lui avait vécu à Verdun ou sur le Chemin des Dames."

Un bateau omniprésent dans la tête du soldat

En revenant sur l'histoire du Montmorency II, Gilles Chauwin rapporte plusieurs traces de celui-ci par la famille du soldat. "Elle va retrouver son dessin sur son carnet de combattant à l’échelle, fait à la plume. Il l’avait représenté sur huile sur toile et en bouteille."

Disparue dans les années 70, la sculpture est réapparue dans la Caverne du Dragon, il y a quelques mois. Gilles Chauwin a "été prévenu par un ami qui l'a vu exposé et l'a prise en photo". Dans un premier temps, il a été "étonné de ne pas avoir été averti". Mais il affirme que les choses "se sont arrangées". Depuis, "la pierre est revenue à l'endroit où elle était."

La restitution de la pierre a eu lieu vendredi 31 janvier 2025. Fermée au public, mais accessible sur demande, les prochains visiteurs pourront apprécier l'une des deux sculptures emblématiques de la carrière. En évoquant l'histoire de Montmorency II et d'Eugène Gourmelen, Gilles Chauwin a fait référence à La Belgique enchaînée, autre œuvre disparue de la carrière de Froidmont.

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