Bactérie E.coli : le procès des fournisseurs de steaks hachés contaminés débute dans la gravité

Le procès de deux anciens dirigeants de SEB, fournisseur à Lidl de steaks hachés contaminés par la bactérie E.coli qui ont rendu gravement malade 18 personnes en juin 2011, a débuté dans une atmosphère grave mardi devant le tribunal correctionnel de Douai (Nord).

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La présence dans la salle de Nolan, 8 ans, en fauteuil roulant à cause des lésions ayant lourdement limité ses capacités motrices et mentales, a immédiatement donné un tour grave et émouvant au procès. En juin 2011, l'Agence régionale de santé (ARS) du Nord-Pas-de-Calais avait alerté sur des cas d'intoxications alimentaires à une souche spécifique de la bactérie E.coli, 0157H7, particulièrement nocive.

L'enquête a établi que 18 victimes, des enfants pour la plupart, avaient consommé des steaks hachés surgelés fabriqués par SEB et commercialisés chez Lidl sous la marque "Steak Country". Guy Lamorlette, 76 ans, fondateur et gérant de la société liquidée fin 2011, et Laurent Appéré, 46 ans, son responsable qualité, comparaissent pour "blessures involontaires par violation manifestement délibérée d'une obligation de sécurité ou de prudence ayant entraîné une incapacité totale de travail supérieure à trois mois" et "tromperie sur une marchandise entraînant un danger pour la santé de l'homme", notamment.


"Manquements délibérés"


Ils sont apparus tous deux à la barre, la mine sombre, sans se parler au préalable. L'un et l'autre se renvoient la responsabilité des manquements aux obligations sanitaires, dont le contrôle aléatoire des lots de viande hachée au lieu d'un contrôle systématique, mais aussi le passage d'un second contrôle pour passer outre un premier contrôle positif à une concentration élevée de bactérie E.coli. Leurs avocats n'ont pas souhaité s'exprimer avant l'audience. "Ce qui est particulier dans cette affaire, ce sont ces manquements délibérés", a déclaré mardi à l'AFP Me Marion Giraud, avocate de l'UFC-Que Choisir Nord-Pas-de-Calais, partie civile.

"C'est aussi le procès de la filière bovine et de la grande distribution", a-t-elle ajouté, rappelant "la dépendance économique importante du fournisseur à Lidl", car entre 50 et 70% du carnet de commande de SEB était rempli par cette enseigne. "Nous n'avons aucunement mis la pression sur le prix et la qualité", a souligné mardi l'avocate de Lidl auprès de l'AFP. "Nous faisions appel à un laboratoire agréé. La triste réalité, c'est que SEB n'effectuait pas (correctement) le contrôle bactériologique des marchandises".

L'enseigne, qui avait rompu son contrat avec SEB à la suite du scandale, s'est elle aussi constituée partie civile, s'estimant victime de tromperie sur la marchandise livrée.

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