Boulogne-sur-Mer : le Brexit fait trembler les marins pêcheurs

Le spectre d'une sortie du Royaume-Uni de l'UE inquiète les pêcheurs du Boulonnais, très dépendants des poissonneuses eaux britanniques.

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"Pour l'instant, nous allons pêcher jusqu'à 6 milles des côtes anglaises (11 km), s'ils récupèrent leurs eaux territoriales, nous allons être amputés d'une grande partie de nos ressources". Bruno Dachicourt, du syndicat des marins-pêcheurs CFTC ne cache pas son inquiétude sur les conséquences possibles du Brexit. Un millier de marins pêcheurs de la Manche seraient concernés, selon lui.
Le Comité national des pêches explique avoir averti par courrier le Premier ministre Manuel Valls que "les régions Hauts-de-France, Normandie et Bretagne" seront "très fortement impactées" par la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, approuvée le 23 juin par référendum.

Les pêcheurs du Pas-de-Calais particulièrement concernés

Si ailleurs le long de la Manche, les bateaux de moins de 12 mètres sortent rarement des eaux françaises, ce n'est pas le cas dans le détroit du Pas-de-Calais. Ici, les Français peuvent s'approcher jusqu'à six milles marins (11 km) des côtes anglaises, quand les Britanniques ne peuvent pêcher qu'à 22 km des côtes françaises.

L'inquiétude est donc forte aussi bien chez les petits artisans que chez les hauturiers (bateaux de plus de 18 mètres). Le poids de ces navires est particulièrement important à Boulogne-sur-mer, premier port de pêche français, avec des bateaux qui atteignent parfois 50 m de long.
"Si demain on ne peut plus faire valoir nos droits historiques dans les eaux anglaises, ça peut sonner la fin de la pêche française à Boulogne; l'impact va être énorme", affirme Bruno Margollé, président de la Coopérative maritime étaploise (CME) dans le Pas-de-Calais.

L'enjeu des eaux poissonneuses britanniques 

"On est très inquiets. Si les Anglais récupèrent leurs eaux, on va perdre d'importantes zones de pêche. Nous sommes 70% à travailler du côté anglais", renchérit Olivier Leprêtre, président du Comité départemental et régional des pêches maritimes Nord-Pas-de-Calais. Dans cette région, au plus court, il y a 28 km entre la France et l'Angleterre, rappelle-t-il. Avant d'enchaîner : " Ils vont tracer une ligne au milieu, entre les côtes anglaises et françaises, c'est comme ça que ça va se régler. Et comme la pêche ne représente que 0,05% de l'économie anglaise, c'est-à-dire rien, ça va être négocié tout à la fin, après le commerce, les transports et le reste", conclue-t-il.

Un pessimisme que ne partage pas Xavier Leduc, patron d'Euronor, à la tête d'une flotte de 6 navires de de plus de 45 mètres. "Cela ne sert à rien de crier avant d'avoir mal", expose-t-il. "Que se passera-t-il si les élections d'octobre au Royaume-Uni donnent la majorité aux pro-européens ? Et quelle sera la position des Ecossais ?", interroge-t-il. Comme la plupart des hauturiers, Euronor pêche au large de l'Ecosse, qui a voté majoritairement contre le Brexit. Le directeur évoque un processus de négociations qui "sera long", où il voit mal "l'union européenne fermer la porte au poids lourd économique" qu'est la Grande-Bretagne. Il reconnaît néanmoins que le risque est "plus grand pour les bateaux de 18-24 m, beaucoup plus dépendants" des poissonneuses eaux côtières britanniques.

L'accès au marché européen contre l'accès au eaux britanniques 

Dans le Pas-de-Calais comme en Bretagne, beaucoup espèrent en tous cas que des accords seront trouvés dans le délai que le traité de Lisbonne donne au Royaume-Uni pour sortir de l'Union européenne.
L'espoir repose notamment sur le besoin des Britanniques d'écouler leurs produits de la mer sur le marché européen. "Il y a des tas de produits que les Britanniques pêchent et ne consomment pas. Or le tarif de base du droit de douane pour accéder au marché européen, c'est 24%. L'idée serait de dire "à vous l'accès à nos marchés, à nous l'accès à vos eaux", résume Richard Brouzes, directeur général de l'organisation des producteurs de Normandie.
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