Face à l'épidémie du Coronavirus, qui a déjà fait plus de 200 morts en Chine, le lycée privé Sainte-Famille à Amiens a décidé d’annuler son voyage en Chine, prévu en avril. C’est le deuxième établissement de Picardie à prendre cette décision.
Le Coronavirus a aussi des conséquences en Picardie. Si pour l'heure, aucune contamination dans la région n'est à déplorer, l'épidémie remet déjà en question les voyages scolaires, prévus en Chine cette année.
L'apprentissage du chinois est en vogue dans les lycée de Picardie et quelques établissements proposent à leurs élèves de mettre leur apprentissage en pratique lors de voyages dans ce pays situé à plus de 8000 kilomètres de la France. Un lycée de l'Aisne et un de la Somme ont ainsi revu leurs projets quant aux échanges scolaires avec la Chine prévus au premier trimestre 2020.
La Sainte-Famille annule son voyage
« On est déçus », commente une élève de la Sainte-Famille. C'est elle qui nous donne l'information. Les élèves du lycée de la Sainte-Famille d'Amiens ne s'envoleront finalement pas vers la Chine dans deux mois.Lundi 27 janvier dernier, le chef d'établissement Stéphane Coyral confirmait pourtant qu' "un voyage [était] bien prévu en Chine du 17 au 25 avril". Trois jours plus tard, il a finalement décidé de faire volte-face. Stéphane Coyral a toujours été clair, "ce qui est certain, c'est que je ne prendrai aucun risque", assurait-il, lundi dernier.
Une réunion devait être organisée vendredi 31 janvier par la Sainte-Famille. La question du maintien du voyage, malgré l'épidémie de Coronavirus devait y être évoquée. La réunion a finalement été « annulée tout simplement parce que le lycée a finalement décidé ce matin [jeudi 30 janvier, NDLR], de ne pas maintenir le voyage », rapporte l'élève de terminale.
Initialement, les élèves de la Sainte-Famille devaient visiter Pékin, puis Shangaï.
L'angoisse des parents
Pour les parents d'élèves, la perspective de voir leurs enfants partir en Chine n'était pas envisageable. "C'est clair qu'actuellement, on est sceptiques, témoignait Jérôme Bryska, père d'une élève de terminale à la Saint-Famille. Si on ne voit pas d'évolutions de l'épidémie dans les mois à venir, dans l'état actuel des choses, je ne la laisserai pas partir !" assurait-il le 27 janvier."C'est son premier grand voyage ! Elle serait vraiment déçue de ne pas y aller... Mais on ne veut pas prendre de risque", poursuit-il. Les frais pour le voyage ont déjà été engagés. 1650 euros pour huit jours entre Pékin et Shangai. Jérôme Bryska espère qu’ils seront remboursés.
Échange reporté à Saint-Quentin
Quelques jours avant, c'était la cité scolaire Henri-Martin de Saint-Quentin qui s'est retrouvée impactée par l'épidémie, classée "Urgence internationale par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Une délégation de 30 jeunes chinois, devait poser ses valises dans l'Aisne ce jeudi 30 janvier; Elle n'est finalement pas venue. "Ils devaient arriver jeudi vers 9h, raconte M. Tabary, proviseur de la cité scolaire Henri Martin. Nous avons appris samedi 25 janvier, par l'ambassade chinoise en France, que tous les voyages entre la Chine et la France étaient suspendus."Cette réception s'insérait dans le cadre d'un échange avec le lycée chinois de Luhe situé à Tongzhou, dans la banlieue de Pékin.
"Les familles qui devaient accueillir des élèves chinois, commençaient à être inquiets dès la semaine dernière, rajoute-t-il. Par sécurité, c'est beaucoup plus raisonnable".
Le lycée de Saint-Quentin ne renonce cependant pas à son projet. Leur venue est simplement reportée à une date ultérieure.
Interrogations autour des voyages à venir
Dans le cadre de cet échange, les élèves de Saint-Quentin devront aussi se rendre en Chine. "Le voyage est prévu du 21 au 31 mars", explique le proviseur, qui assure que, pour le moment, "l'organisation suit son cours, dans l'optique d'un départ". Les billets d'avion seront bientôt réservés, avec bien sûr, une assurance annulation en prime. Certains se demandaient déjà si c'est une bonne idée.Les LV3 Chinois qui ont un voyage scolaire en chine prevu au mois de mars pic.twitter.com/EQxNhViJ2P
— Apash ?? (@Apashhh) January 23, 2020
Dimanche 26 janvier, le syndicat des tours-opérateurs (SETO) a recommandé la suspension des voyages vers la Chine jusqu'au 21 février. "Nous ne sommes pas concernés puisque nous projetons de partir plus tard, expliquait Stéphane Coyral. Après, rien ne dit que la date ne soit pas prolongée, selon l'évolution de l'épidémie...".
Du côté du lycée de la Providence à Amiens, le chef d'établissement Benoît Bernard est plus serein : "On organise ce voyage une année sur deux. Cette année, ça tombe bien, on n'a pas prévu de partir", raconte-t-il, soulagé de ne pas avoir à gérer ce problème.
L'apprentissage du chinois est une option de plus en plus demandée par les élèves. "On a énormément de demandes à l'entrée en seconde, explique Stéphane Coyral. Ensuite, les effectifs diminuent. En terminale, on compte entre 25 et 30 élèves."