Les militants de l'association écologiste ont emêché l'achat de boîte de thons de la marque leader du marché tout au long de la journée d'hier. Une action qui s'inscrit dans le combat de l'association autour des pratiques de pêche.
Hier, Greenpeace était décidé à faire le ménage par le vide. Une grande opération était organisée partout en France et dans plusieurs autres pays. L’ennemi ? La marque de thon Petit Navire. Dès 9h du matin, une quinzaine de membres actifs de la cellule Greenpeace du Nord se sont rendus au magasin Carrefour Euralille. Pour empêcher l’achat des boîtes de la marque, le collectif les a simplement retirés des rayons.
Aucun heurt avec la sécurité. "On a fait ça discrètement, témoigne Liliane, la porte-parole. On a chargé nos caddies, on a vidé le rayon, puis on a recommencé à chaque réassort". Pour trouver la marque, qui était ce jour-là en promotion, c’était une véritable partie de cache-cache.
Demandez à la marque de thon d’arrêter la pêche destructrice https://t.co/EFBRv7VSZC #arrethon pic.twitter.com/RKa8wYXT9g
— GreenpeaceNord (@LilleGreenpeace) 21 mai 2016
A la fin de la journée, les membres de greenpeace ont dévoilé l’opération. Banderoles déployées devant le magasin, ils ont demandé à rencontré le directeur du magasin, à qui ils ont remis une lettre (fichier ci-dessous). "Il a très bien réagi, il a compris. A son niveau, il va pouvoir relayer nos revendications à Carrefour France."
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Mais que reproche greenpeace à Petit Navire ?
Essentiellement ses méthodes de pêche. Chaque année, Greenpeace envoie un questionnaire à plusieurs marques de thon en boîte pour se renseigner sur leurs pratiques. Petit Navire est classé septième, dans la catégorie des "marques qui doivent passer de la parole aux actes." Voici l’évaluation de la marque.
Greenpeace note des efforts fournis depuis 2014. En terme d'information d'abord, puisque désormais la marque explique et justifie ses pratiques de pêche sur internet. Petit Navire a définitivement banni la pêche à la palangre, qui consiste à placer des hameçons en ligne sur des kilomètres. Mais la marque continue d’autoriser la pêche à la senne par dispositif de concentration de poisson (DCP). Concrètement, un large filet est déployé. Au milieu, un objet flottant est déposé qui, selon Petit Navire "attire spécifiquement les bancs de thon". Le filet est ensuite refermé autour de l’appât, ce qui emprisonne tous les poissons à proximité.
Le problème est que l’appât n’attire pas que les bancs de thon. Des espèces protégées se retrouvent dans les filets de pêche, notamment les requins. Sur son site, Petit Navire s’engage à développer des types de filets qui limitent les prises accidentelles et à former ses équipages à la remise à l’eau des requins. Pas suffisant pour Greenpeace.
Les espèces pêchées par Petit Navire font également débat. Si la firme ne pêche pas du tout de thon rouge, elle continue de commercialiser du thon albacore. Le site indique que la marque ne pêche aucune espèce présente sur la liste rouge de l’UICN (outil de référence pour connaître le niveau des menaces pesant sur la diversité biologique). Or le thon albacore y figure bien, dans la catégorie "near threatened" , presque menacé.
Avec ces actions sur le terrain, Greenpeace veut mobiliser l’opinion à tous les niveaux. C'est pour cela d'ailleurs qu'elle s'attaque en premier à Petit Navire. Il faut préciser que la marque n'est pas la plus mal classé. Elle est par contre leader du marché.
"Petit Navire a un pouvoir d’entrainement au sein du secteur" juge l'ONG. Selon Greenpeace, plus de 100 000 personnes ont signé la pétition adressée à la marque.