La grève organisée mardi à la SNCF à l'appel de tous les syndicats, pour "peser" sur les négociations en cours sur leurs conditions de travail, devrait perturber fortement le trafic.
C'est la troisième grève en huit semaines à la SNCF. Les appels à la grève courent de lundi 19h00 à mercredi 08h00, mais la direction ne prévoit pas de répercussions sur le trafic lundi soir.
Voici les dernières prévisions de trafic pour ce mardi :
- TER TERGV : 4 sur 10
- TGV Paris : 6 sur 10
- TGV vers la Province : 4 sur 10
- Ouigo : 1 sur 3
- Eurostar Thalys : trafic normal
Les raisons de la grève
Mardi ne sera sans doute pas la dernière journée de mobilisation, selon les syndicats. "Un mouvement plus ferme pourrait être envisagé" en l'absence "d'ouverture de réelles négociations prenant en compte les propositions alternatives des organisations syndicales", prévient Thierry Nier, porte-parole de la CGT-cheminots.Ces négociations, menées à l'échelle de la branche et au sein du groupe public, doivent aboutir avant mi-2016 à harmoniser les règles de travail dans le secteur (fret/voyageurs, SNCF/privé). Objectif : aborder dans de bonnes conditions (de sécurité et sans dumping social) l'ouverture totale à la concurrence. Les échéances se précisent: les lignes TGV devront s'ouvrir à la concurrence à partir de 2020 et TER/Intercités à compter de 2023.
Les discussions ont été engagées sur la base d'un projet de décret du gouvernement, compromis entre les règles en vigueur dans le fret privé et celles de la SNCF, globalement plus protectrices pour les salariés.
Au niveau de la branche, les négociations menées avec l'UTP (qui regroupe SNCF et entreprises privées) ont commencé aussi. Le prochain rendez-vous est prévu mardi.
Apparence d'unité
Tous les syndicats, même réformistes comme l'Unsa et la CFDT, affirment douter de la "réelle volonté" de l'UTP de négocier des contreparties aux nombreuses astreintes imposées aux cheminots, notamment en matière de travail de nuit. Parallèlement, ils bataillent aussi avec la SNCF, qui aouvert avec eux des discussions pour revoir son organisation du temps de travail. Les cheminots craignent "des remises en cause de droits, ils ont raison de se battre", a estimé sur France 3 le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly. Comme le 9 mars, la grève est aussi l'occasion de réclamer des embauches pour pallier aux "urgences" et notamment les suppressions de TER dans plusieurs régions, faute de conducteurs, ainsi que l'ouverture rapide de discussions salariales. A la différence de la dernière grève, le 31 mars, le mouvement est cette fois soutenu par l'ensemble des syndicats: CGT, Unsa, SUD et CFDT, ainsi que FO et First (non représentatifs).
Mais il n'est unitaire qu'en apparence. SUD, qui militait pour une action reconductible, s'est finalement résolu à participer à une grève de 24h. Sans s'associer cependant au même préavis de grève. Le syndicat reproche aux trois autres organisations représentatives d'"abandonner la revendication centrale" d'un décret socle aligné sur la réglementation actuelle de la SNCF.
Pour la CGT, l'Unsa et la CFDT, l'objectif doit être atteint au regard des "trois niveaux" de règles (décret, convention collective et accord d'entreprise).
SUD blâme aussi la CGT (première force) d'avoir accepté de "séparer les luttes" (revendications des cheminots/opposition au projet de loi Travail) pour satisfaire l'Unsa et la CFDT, qui en avaient fait un casus belli.