Les marins pêcheurs de la région Hauts-de-France inquiets des conséquences du Brexit sur leur activité

Le spectre d'une sortie du Royaume-Uni de l'UE fait trembler les pêcheurs hauturiers du Nord de la France, très dépendants des poissonneuses eaux britanniques.

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Tous les pêcheurs de la Manche ne sont certes pas concernés par le Brexit. Les bateaux de moins de 12 mètres sortent rarement des eaux françaises, sauf dans le détroit du Pas-de-Calais. Or, selon l'établissement public FranceAgriMer, ils représentent 80% de la flotte métropolitaine. L'inquiétude est forte à Boulogne-sur-Mer, premier port français avec des bateaux qui atteignent parfois 50 m de long. 

70% de l'activité des pêcheurs du Pas-de-Calais s'effectue en zone anglaise 

«Si demain on ne peut plus faire valoir nos droits historiques dans les eaux anglaises, ça peut sonner la fin de la pêche française à Boulogne; l'impact va être énorme», affirme Bruno Margollé, président de la Coopérative maritime étaploise (CME) dans le Pas-de-Calais. «On est très inquiets. Si les Anglais récupèrent leurs eaux, on va perdre d'importantes zones de pêche. Pour nous, ça représente 70% de notre activité», renchérit Oivier Leprêtre, président du Comité départemental et régional des pêches maritimes Nord-Pas-de-Calais. Dans cette région, au plus court, il y a 28 km entre la France et l'Angleterre, rappelle-t-il.

Les pêcheurs pourraient perdre gros avec le Brexit 

Sébastien Sagot, patron d'un chalutier de 24 mètres au Tréport (Seine-Maritime), de passage à Cherbourg, craint "un gros manque à gagner". Pêcher plus loin, à l'est, en mer du Nord, coûterait trop cher en carburant et le matériel des bateaux n'est pas adapté voire, pour certains, pas autorisé près des côtes françaises, explique-t-il.
Idem pour Jean-Pierre Le Visage, directeur de la Scapêche, premier armement français de pêche fraîche, pour qui il n'y aurait "pas de solution de repli". «Il est trop tôt pour dire si les conséquences seront dramatiques », mais «si on parle de nationalisation des eaux britanniques, on serait privés de 70 à 80% de nos volumes», explique le
directeur de l'armement qui débarque quelque 11.000 tonnes de poisson à Lorient, dont 9.500 pêchées dans les eaux britanniques.

Les espoirs reposent sur le besoin des Britanniques d'écouler leurs produits de la mer sur le marché européen

Du Pas-de-Calais à la Bretagne, tous espèrent que des accords seront trouvés dans le délai que le traité de Lisbonne donne au Royaume-Uni pour sortir de l'Union européenne. L'espoir repose notamment sur le besoin des Britanniques d'écouler leurs produits de la mer sur le marché européen. «Il y a des tas de produits que les Britanniques pêchent et ne consomment pas. Or le tarif de base du droit de douane pour accéder au marché européen, c'est 24%. L'idée serait de dire à vous l'accès à nos marchés, à nous l'accès à vos eaux», résume Richard Brouzes, directeur général de l'organisation des producteurs de Normandie.
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