Plusieurs jours après le signal d'alarme envoyé par l'Académie de médecine sur l'espérance de vie dans les Hauts-de-France, cinq parlementaires du Nord et du Pas-de-Calais ont interpellé le gouvernement.
Cinq parlementaires communistes des Hauts-de-France ont interpellé jeudi la ministre de la Santé Agnès Buzyn sur la "gravité de l'état sanitaire" de la région, réclamant un "plan d'urgence" après le cri d'alarme lancé par l'Académie nationale de médecine, réunis à Lille en début de semaine.
"Refusant d'admettre qu'un habitant des Hauts-de-France soit condamné à mourir plus tôt qu'un concitoyen d'une autre région, nous vous demandons instamment d'engager un plan d'urgence visant à contrarier durablement la tendance actuelle", écrivent-ils dans une lettre adressée à la ministre
Il s'agit de Fabien Roussel et Alain Bruneel, députés du Nord, Michelle Gréaume et Éric Bocquet, sénateurs du Nord et Dominique Watrin, sénateur du Pas-de-Calais. Les élus rappellent dans leur lettre que l'espérance de vie y est bien inférieure à la moyenne nationale, et que le territoire est marqué par une surmortalité et par des niveaux records de cancers, d'obésité, de diabète.
Ce courrier intervient au lendemain du colloque tenu à Lille par l'Académie nationale de médecine, qui a poussé un cri d'alarme.
Même l’Academie Nationale de Medecine, en visite dans les Hauts de France, réclame un plan de rattrapage pour notre région où l’espérance de vie est la plus courte de France. MME la Ministre, entendez nous ! Les économies ici, ça suffit ! @agnesbuzyn #hopitaux #DirectAN
— Fabien Roussel (@Fabien_Rssl) 6 juin 2018
L'espérance de vie dans les Hauts-de-France aujourd'hui, c'est l'espérance de vie de la France en 2003.
"Les Hauts-de-France ont l'espérance de vie, pour les hommes et pour les femmes, la plus basse de France, ce qui nécessite une prise de mesures particulières pour cette région, afin qu'un investissement particulier soit fait, à la fois de l'État, à la fois de la Région, et à la fois aussi de secteurs privés", a insisté dans une vidéo mis en ligne Gérard Dubois, membre de l'Académie de médecine et chef du service de santé publique à l'hôpital d'Amiens.
"L'espérance de vie dans les Hauts-de-France aujourd'hui, c'est l'espérance de vie de la France en 2003. Il y a donc un écart de 15 ans dans l'histoire. Cet écart, il faut absolument le rattraper, pour le rattraper, il faut le vouloir et s'organiser", a-t-il conclu.
L'abandon d'une "logique comptable"
Déplorant "la gravité de l'état sanitaire" de la région, les parlementaires demandent des moyens supplémentaires pour les hôpitaux, la lutte contre les déserts médicaux et le développement de la médecine préventive.
"Il est par ailleurs indispensable d'abandonner la primauté d'une logique comptable qui s'exprime trop souvent au travers des décisions de l'Agence régionale de santé (ARS), trop peu à l'écoute des besoins des femmes et des hommes de ce territoire", ajoutent-ils.
Invité sur notre plateau mercredi, le secrétaire perpétuel de l'Académie Nationale de Médecine Daniel Couturier expliquait que "les courbes de longévité en France et dans les Hauts-de-France évoluent de la même façon : c'est-à-dire que le gain de l'espérance de vie augmente aussi, mais il y a un décalage négatif."
Selon les données de l'Académie de médecine, l'espérance de vie à la naissance d'une femme est de 83,1 ans dans les Hauts-de-France contre 85 ans dans l'ensemble de la France. Pour les hommes, elle est de 75,8 ans dans la région, contre 78,5 ans à l'échelle nationale.