7 degrés en classe et chaudière en panne : des professeurs font valoir leur droit de retrait le jour de la rentrée

Au lycée Yves Kernanec de Marcq-en-Barœul, la chaudière ne s'est pas rallumée pour la rentrée. En classe, les thermomètres affichent difficilement plus de 10°C. Les professeurs ont pris la décision de ne pas faire cours.

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Bonnets, gants et couvertures de survie, c'est dans cet accoutrement peu usuel que les élèves et professeurs du lycée Yves Kernanec de Marcq-en-Barœul ont dû faire leur rentrée. La chaudière, éteinte pendant les vacances scolaires n'a pas redémarré.

Si certains peuvent croire à la thèse du malheureux accident, pour les professeurs, c'est une situation symptomatique d'un établissement vieillissant et en mal de subventions. Face aux températures anormalement basses, les professeurs ont fait valoir leur droit de retrait. 

Droit de retrait et cours annulés

"Les températures allaient de 7 à 12°C", raconte Vincent Choubat, professeur d'histoire géographie depuis plus de 20 ans au lycée Kernanec. Bien qu'une opération de maintenance ait eu lieu vers 9 h 30, les températures ne sont pas remontées dans les salles de classe.

"On a décidé que ce n'était pas des conditions d'enseignement dignes. On a donc décidé d'exercer notre droit de retrait et on a refusé d'accepter nos élèves", poursuit-il. Cette décision a été prise à l'unanimité par le corps professoral. Ils étaient près une cinquantaine présents ce lundi de rentrée.

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"Un enseignant a même fait cours dehors", relate ironiquement Vincent Choubat, "il faisait meilleur dehors que dans sa salle". En attendant une réponse de la direction face à cette situation, tous les élèves et les professeurs ont attendu dehors, sous le préau, plusieurs heures durant. "Les élèves nous ont demandé toute la matinée : « qu'est-ce qu'on fait ? »", raconte le professeur d'histoire géographie. À midi, la décision tombe : les cours sont annulés toute la journée.

900 000 euros de travaux

Cet événement raisonne avec la mobilisation des certains établissements publics des Hauts-de-France avant les fêtes de fin d'année pour protester contre les baisses de dotation versées par la région. 

"Ça se rajoute à notre problème", estime Vincent Choubat. Le professeur fait état d'une baisse de subvention de 25%, qui s'ajoutent à un "mauvais entretien de l'établissement de la part de la région". Par exemple, des travaux d'isolation auraient été repoussés trois fois. "Tout est vieux, la chaudière n'est quasiment plus aux normes, les murs suintent. On est une passoire thermique. Il y a une forme d'abandon de la région."

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Mais ce discours, la Région ne semble pas l'entendre. Dans un entretien accordé à la Voix du Nord, Laurent Rigaud, vice-président en charge de l'éducation et des lycées avait lancé : "s'il y a des lycées qui ne doivent pas se plaindre, Kernanec en fait partie". Au cœur de son argumentation, un financement de 900 000 euros accordé pour effectuer des travaux.

Mais pour l'enseignant en histoire géographie, ce n'est qu'un écran de fumée. "Cet argent a permis de faire des travaux pour adapter notre lycée à l'intégration de l'École Européenne. Pour nous, ce n'est pas de l'argent pour améliorer notre problème", fustige-t-il, se remémorant par la même occasion que la chaudière du lycée était déjà tombée en panne à la Toussaint.

► Lire aussi : "Un programme de rénovation énergétique est lancé, il faudra attendre quelques années" : la Région répond aux revendications de professeurs et lycéens

L'École Européenne de Marcq-en-Barœul, voisine du lycée Kernanec, est un établissement public où l'enseignement est à la destination des enfants des personnels des institutions européennes et se fait majoritairement en langue étrangère. Bien que cette école bénéficie de locaux flambant neuf, elle partage avec le lycée Kernanec certains équipements.

"Ce n'est pas à 8 heures qu'on regarde s'il y a du chauffage"

Mardi 7 janvier, au lendemain de l'incident, le chauffage a été rallumé et les cours ont repris normalement. Laurent Rigaud, vice-président de la région Hauts-de-France a réagi au micro de France 3 Hauts-de-France sur la situation.

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Au lendemain de l'incident, Laurent Rigaud, réagit au micro de France 3 Hauts-de-France. ©Marie-Noëlle Grimaldi / Jean-Marc Vasco / France Télévisions

"269 établissements dans la région, vous imaginez bien que ce n'est pas le vice-président qui va vérifier s'il y a du chauffage. C'est bien à la main du proviseur de vérifier que le chauffage fonctionne. (...) Ce n'est pas à 8 heures qu'on regarde s'il y a du chauffage dans un établissement", estime-t-il avant de rebondir sur les questions de report des rénovations thermiques.

"Ils sont reportés seulement de quelques mois. Il y a 5 millions d'euros qui vont être engagés sur de la rénovation de toiture, de menuiserie et thermique", ajoute-t-il. Si ces derniers ont été reportés, c'est faute de financements extérieurs.

Contactée, la direction de l'établissement n'a pas donné suite à nos sollicitations.

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