Plus de trois ans après avoir fermé son cabinet à Jenlain (Nord), le docteur Grégory Pamart vient de le rouvrir. En septembre 2021, il était sous le coup d'une interdiction d'exercer pour avoir refusé de se vacciner contre le Covid-19. Son départ avait laissé la commune sans médecin généraliste.
Il ne cache pas son plaisir, le docteur Pamart d'avoir repris du service. "Je retravaille et j'en suis heureux", lance-t-il.
Même lui, finalement est un peu surpris d'être revenu à Jenlain (Nord). Il raconte que les choses se sont faites assez naturellement. D'abord, il continuait à croiser ses anciens patients qui le sollicitaient. Et puis, clairement la médecine libérale lui manquait.
Fermeture du cabinet en septembre 2021
En septembre 2021, Grégory Pamart est devenu un symbole des "antivax". Le médecin généraliste refuse de se faire vacciner contre le Covid-19 et perd l'autorisation d'exercer. Il est alors contraint de fermer son cabinet, le seul à Jenlain. Il se justifie : "la chose la plus importante pour moi est, en tant que médecin, de ne pas imposer, de respecter le libre consentement de chacun".
S'ensuivent des mois d'inactivité bien remplis, raconte-t-il. Entre lecture, famille et réflexion sur sa pratique.
"La question n'est pas de savoir si j'avais raison. C'est juste ma façon de concevoir la médecine, la santé, qui m'est propre. Je voulais être vrai, ne pas mentir". L'homme regrette tout de même qu'on lui ait mis une étiquette. "Le problème, c'est qu'avec cette étiquette d'antivax, il n'y a ensuite plus de discussion possible".
L'Hôpital de Maubeuge
En mai 2023, quand les soignants non vaccinés retrouvent le droit de travailler, il sonne à la porte des Urgences de l'Hôpital de Maubeuge (Nord). Avec l'envie de "pouvoir exercer la médecine à nouveau" mais aussi de constater par lui-même l'état de l'Hôpital en France, "juger sur pièces, sans idées préconçues". Il n'a pas perdu son regard critique sur le système.
Puis, il raconte avoir été très bien accueilli et y avoir appris beaucoup. Il affirme "avoir pris du recul et réfléchi à la médecine qu'il a envie de pratiquer". Mais il confesse que le suivi des patients lui manquait.
Amour du métier
Le, à nouveau, nouveau médecin généraliste de Jenlain affirme : "c'est là qu'est ma place. À pratiquer la médecine, c'est ce que je sais faire".
"C'est formidable ce qu'on fait, je l'ai réalisé quand on m'a privé de mon métier. Dans l'intimité de la consultation, on a accès à quelque chose d'extraordinaire !"
Et les patients sont de retour. Des anciens et des nouveaux. "Je n'ai pas l'impression d'être un choix de dépit. Les gens ont une idée de la médecine que je pourrais leur proposer", ajoute-t-il.
"Longtemps, je pensais aller ailleurs, mais les choses se sont faites de manière naturelle", confie le médecin. D'autant qu'aucun autre médecin généraliste ne s'est installé sur la commune.
Prendre son temps
Il l'avoue. Ce parcours l'a fait évoluer. Il dit avoir "encore plus envie d'accorder du temps à ses patients". Lui qui a songé se tourner vers une médecine naturelle, déconventionnée. Il considère que "la thérapie passe par le fait d'exprimer sa souffrance". Sur ses prescriptions, il précise "le médicament aide pour beaucoup, il va souvent sauver des vies. Mais il a aussi des effets secondaires, il faut chercher le traitement qui va correspondre à chacun". Il espère réussir à "toujours aller chercher la cause, avant de prescrire, réussir à avoir une approche individuelle pour chacun". Puis, il concède : "Je suis un médecin qui pratique la médecine académique, celle que j'ai apprise".
Je suis un médecin qui pratique la médecine académique, celle que j'ai appris.
Grégory Pamart, médecin généraliste à Jenlain
Il explique qu'il a besoin que sa pratique ait du sens, soigner les gens en prenant plus le temps. Il raconte "avant, je voyais cinq patients par heure. Aujourd'hui, c'est plutôt trois".
Une prochaine suspension ?
L'homme continue d'agacer semble-t-il l'Ordre des médecins du département. Il a été suspendu 6 mois entre novembre 2023 et avril 2024 pour ne pas avoir porté le masque dans son cabinet et ne pas l'avoir rendu obligatoire pendant l'épidémie de Covid. Puis, il a également reçu un blâme et un avertissement pour un mail envoyé à ses patients au sujet de la vaccination des adolescents.
Enfin, son retour n'est peut-être que temporaire. Une procédure disciplinaire est toujours en cours. Elle doit être examinée le 11 décembre 2024 par la chambre disciplinaire du Conseil de l'Ordre, à Paris. Il lui est reproché d'avoir soigné avec de l'Ivermectine (un traitement non validé par les autorités sanitaires) un malade du Covid alors qu'il n'était pas vacciné et qu'il n'avait plus le droit d'exercer. Grégory Pamart estime que "l'opinion publique aurait du mal à comprendre pourquoi un médecin serait condamné pour avoir soigné un patient dans l'urgence". Il ajoute qu'il avait prévenu l'Ordre des médecins, qu'en cas d'urgence liée au Covid, il ne laisserait pas un patient sans soins.
Jenlain, commune de près de 1 200 habitants, a vécu trois ans sans généraliste. Tout le secteur entre Valenciennes et Maubeuge est confronté à une pénurie de médecins.